Installation du Sénat : « C'est une fuite en avant pour faire plaisir aux sénateurs réputés corrupteurs » (ASADHO)

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L’Association africaine des droits de l’homme (ASADHO) estime que Félix Tshisekedi a pris de manière « précipitée » la décision de lever la suspension de l’installation des sénateurs élus après les allégations de corruption qui ont émaillé le scrutin.

Le Sénat sera installé ce samedi, d’après un communiqué de la présidence de la république signé par Vital Kamerhe et lu dans la soirée de jeudi à la RTNC. Me Jean Claude Katende, coordonnateur de l’ASADHO ajoute que l’installation de la chambre haute du parlement est une « fuite en avant pour faire plaisir aux sénateurs ».

« Nous pensons que la mesure du chef de l'Etat est précipitée parce que nous aurions souhaité que le procureur général fasse d'abord un rapport intermédiaire à la population sur l'état d'avancement de ces investigations pour qu'à la suite de ce rapport le président prenne la décision de lever la suspension de l'installation du Sénat. Nous considérons que c'est une fuite en avant pour faire plaisir aux sénateurs réputés corrupteurs », a-t-il réagi à ACTUALITE.CD.

Tshisekedi a pris sa décision après un rapport préliminaire du procureur général près la cour de cassation sur les allégations de corruption. Le président de la république « réaffirme sa détermination à combattre la corruption sous toutes ses formes (...) prend acte de ce pré-rapport et félicite les magistrats pour le travail abattu, en même temps qu'il les encourage à les faire aboutir, considère que plus rien ne s'oppose à l'installation du sénat », dit le communiqué de la présidence de la république.

Les sénateurs en majorité du Front commun pour le Congo (FCC) devaient être installés le 15 février dernier.

« Notre crainte est qu'à un moment donné la justice s'enlise et quand on laisse les sénateurs corrompus et corrupteurs, c'est une autre crainte. Et après, que l'on puisse voir si on pouvait lever la mesure ou pas. Là, c'est permettre aux corrupteurs de siéger à la chambre haute du Parlement », a ajouté M. Katende.

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Thomas d’Aquin Muiti, vice-président et porte-parole de la société civile en RDC redoute quant à lui que les « sénateurs corrupteurs » ne soient plus poursuivis après le rapport final du PGR à cause de leur immunité parlementaire.

« Le geste du chef de l’Etat est déjà éloquent pour dire que s’ils continuaient à exceller dans la corruption ou s’ils continuaient d’être corrupteurs, des mesures vont suivre malheureusement s’ils continuaient à le faire avec l’immunité qui leur sera accordée, je pense que ça sera la honte pour la république », s’est indigné Thomas d’Aquin Muiti.

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Davina Mbunga, Denys Ndjoko et Sandra Yowa