Suspendu par le président de la République et mis à la disposition de la justice, Lumeya Dhu Malegi, ministre des Affaires foncières réagit. Il évoque un problème ni juridique, ni administratif mais politique. Dans une interview à ACTUALITE.CD ce jeudi 14 mars 2019, il se dit victime d'une rivalité politique. Il dit attendre des preuves sur les allégations d'expropriation des terres lui imputées.
Vous avez été suspendu par la présidence de la République de vos fonctions. Vous refusez d’après la présidence d’obtempérer à la hiérarchie. Quelle est votre réaction ?
Je n’ai reçu aucune correspondance venant de la présidence de la République, depuis le 24 janvier jusqu’à ce jour. Si cette correspondance existe nous pouvons dire qu’au niveau du cabinet du président de la République, il y a des gens qui voulaient me nuire, en cachant cette correspondance. On ne peut me taxer d’insubordination que si on m’a donné les ordres. Moi, homme d’Etat, je n’ai reçu aucune instruction, je le souligne. Le problème, je crois, n’est pas administratif, il n’est pas juridique mais plutôt politique. Moi, j’appartiens au FCC, je ne suis membre d’aucune autre organisation politique ou un regroupement politique. Donc je refuse de servir des butins de guerre ou des butins politiques. Il y a des gens qui veulent avoir des positions. Vous connaissez notre histoire, nous venons du Rassemblement mais ce n’est pas à moi d’être victime de ce qui est vu aujourd’hui comme passé du Rassemblement.
En ce qui concerne ce dont on me reproche (expropriation des terres aux citoyens congolais ndlr), aujourd’hui nous voulons un Etat de droit, il faut qu’on respecte le droit de la défense. On doit mettre à ma disposition les dossiers qui vaut objet des sanctions. Et là, je n’ai aucun dossier mis à ma disposition pour que je donne des explications. Je suis le ministre des Affaires foncières. On doit me dire quelles sont ces terres que j’ai expropriées et au bénéfice de quelles personnes.
Vous vous reprochez de quoi ?
Je ne me reproche de rien. J’ai fait un effort pour rendre les affaires foncières visibles. J’ai attaqué les réformes qui font mal et elles sont en voie d’être concrétisées.
Quelles sont les difficultés rencontrées aux Affaires foncières ?
ll y a des réseaux mafieux. Les gens qui, d’habitude, refusent de payer les redevances. Les riches qui ont d’étendue des terres énormes qui ne veulent pas qu’on puisse y toucher. Comment comprendre que quelqu’un puisse avoir en pleine ville de Kinshasa 160 ha de terre dans un quartier où les gens occupent des cimetières comme logement et quand le ministre des Affaires foncières veut récupérer une partie de terre pour mettre ça à la disposition de la population, il y a des accusations fortuites, on ne vous donne pas la parole et on vous sanctionne. Donc il y a une catégorie d’intouchables, qui ont le monopole dans le milieu politique et ont cherché à me descendre. Mais je ne suis pas un homme abattu. Je reste debout, je crois avoir rendu service à ma nation.
Vous dites que c’est un problème politique. Ça proviendrait de CACH, la coalition qui dirige aujourd’hui ou du FCC votre coalition ou encore de Lamuka, la coalition de l’opposition ?
Au niveau du FCC, nous sommes une famille disciplinée. Le coup ne viendrait pas de là. Mais je crois que mon appartenance régionale provoque un peu au milieu de Lamuka et de CACH mais je vous informe que j‘appartiens au FCC. Il y a aussi le problème d’Apeco, qui est un regroupement du Premier ministre et vous connaissez nos relations au niveau du Rassemblement. Je crois que je suis le maillon faible sur cette chaîne de l’Apeco. C’est comme ça qu’ils veulent m’éliminer politiquement, ce dont je réfléchis.
Les autorités du FCC sont au courant de cette décision ?
Je crois que le FCC prendra position. Nous sommes un regroupement organisé, j’attends et j’ai confiance qu’ils vont m’inviter pour que je puisse leur dire exactement qu’est-ce-qui s’est passé. Mais moi-même je ne suis saisi de rien. Quand on dirige les Affaires foncières, il faut avoir les nerfs solides parce qu’il y a beaucoup de pressions mais je suis content d’avoir accompli mon devoir à la tête de ce ministère.
Interview réalisée par Stanis Bujakera Tshiamala