Le centre de santé Moyi Mwa Ntongo a reçu, ce vendredi 31 août 2018, la visite du nonce apostolique, l'évêque Ettore Balestrero. Ce dernier s’est rendu à cet hôpital, trois jours après l’écroulement d’un silo à graine, d’une usine de farine, qui a causé un mort et d’importants dégâts matériels.
Au portail de ce centre de santé, situé sur la 4ème rue à Limete, sont accrochés un rameau et la photo de l’unique victime, pour l’instant, dont la mort a été confirmée. Elle s’appelait Valentine ou «Ma Vale», pour les intimes. Cette femme, d’une trentaine d’années, travaillait comme ménagère à l’hôpital Moyi Mwa Ntongo.
Le matin du 28 août dernier avant que le drame n’arrive, Ma Vale était à son poste, assez tôt, comme souvent. «Elle était derrière, avec moi, où elle a l’habitude de nettoyer des linges. Quelques minutes après, j’ai entendu un grand bruit. Ensuite des graines de blé ont envahi toute la surface où nous étions. Elle avait complètement disparu, elle. Et j’étais choqué. Puis Je me suis mis à crier pour alerter tout le monde», explique l’un de ses collègues de service, avant l’arrivée du nonce apostolique.
Ma Vale est morte enfouie sous une montagne d'environ dix mètres des graines de blé qui s’étaient déversées sur l’hôpital. Son corps n’a été extirpé des décombres que neuf heures après l'effondrement du silo. Cette mort brutale laisse l’évêque Ettore Balestrero sans voix. Arrivé sur place, l’ambassadeur du Saint-Siège à Kinshasa a constaté les dégâts que l’accident a causés.
«Beaucoup de matériels ont été détruits. Le service est à l’arrêt. Depuis le jour du drame jusqu'aujourd'hui, nous avons renvoyé environ 300 malades déjà, faute de matériels pour les prendre en charge», a expliqué au nonce apostolique, Arthur Ngoy, médecin directeur de l’hôpital Moyi Mwa Ntongo.
D’éventuelles victimes encore sous les décombres
Derrière le bâtiment qui abrite les chambres des malades, il y a encore d’énormes montagnes des graines de blé et d’autres stigmates causés par l’écroulement du silo. Une odeur nauséabonde règne dans cette partie de l’hôpital. «Il y aurait encore des corps sous les décombres. Parce que, si vous remarquez, il y a trop de mouches-là. Donc il faudra des moyens pour pouvoir fouiller et déterrer d’éventuelles victimes qui seraient encore-là», ajoute le docteur Arthur.
Après le tour de l’hôpital, l’évêque Ettore Balestrero a tenu à témoigner de sa compassion aux membres de l’hôpital, mais aussi devant la famille de la victime décédée. Dans une salle au premier niveau du bâtiment de l’hôpital, une prière a eu lieu en mémoire de toutes les victimes. Monsieur Albert, enseignant et époux de la défunte Ma Vale, explique comment il a été alerté de l'accident par un de ses amis. «Il travaille à l’hôpital Bondeko, cet ami. Et quand il a vu qu’on leur ramenait des victimes qui venaient de là où ma femme travaille, il m’a vite appelé pour me demander d’aller voir si rien n’était arrivé à ma femme. Mais je sentais déjà quelque chose de tragique arriver. J'étais désespéré. Après avoir patienté pendant de longues heures, on avait enfin retrouvé le corps de ma femme», explique le mari de la victime, accompagné de sa fille aînée et de son beau-frère. Tous visiblement meurtris par la disparition de leur proche.
L’usine, dont l’effondrement du silo est à la base du drame, appartient à la société GBT. Elle produit notamment le lait caillé Al Rim. L’hôpital Moyi Mwa Ntongo dit entretenir des relations assez tendues avec cette usine dont les installations se trouvent juste derrière le mur du centre de santé. «Depuis l’accident, aucun responsable de cette usine n'est passé nous visiter », déplore le docteur Arthur.
De l’autre côté, dans l’enceinte de l’usine, l’évacuation des décombres se poursuit. L’hôpital exige, par ailleurs, la démolition de l’autre silo qui, d’après le docteur Arthur, menacerait de tomber à son tour.
Will Cleas Nlemvo et Bénédicte Mavinga