Patrick Muyaya : “Comment le nouveau président va interagir avec les services de renseignement et de sécurité, quel sort pour Kabila? La question est délicate”

Le député national Patrick Muyaya, membre de de la majorité au pouvoir, soulève ce  qu’il pense être la délicatesse des enjeux auxquels se seront soumises la RDC avec les élections à venir. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD ce lundi 13 novembre, le député Palu soutient que le calendrier électoral n’est pas le vrai problème. C'est plutôt sa mise en application par toutes les parties prenantes et la prise en compte de véritables enjeux des scrutins à venir qui doivent le plus préoccuper les esprits.

<b>Le 12 janvier 2019,  Joseph Kabila devrait passer les commandes à un autre Président si les élections se tenaient conformément au calendrier publier par la Ceni. Soutenez-vous ce calendrier ? </b><b>
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</b>La question n'est pas de soutenir le calendrier ou pas. La question est que depuis plusieurs mois, nous réclamions un calendrier électoral. Nous  voulions tous savoir  quand est-ce que le peuple exercerait à nouveau librement le choix de ses dirigeants. La Ceni qui est une structure technique a présenté un calendrier qui indique une date plutôt réaliste. Je ne vois pas pourquoi cela devrait nous émouvoir davantage. Au contraire, cela devrait nous donner encore plus de courage pour aller préparer nos bases respectives pour les prochains scrutins. <b>
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</b><b>En quoi est-ce que ce calendrier est réaliste puisque ça ne sera pas le premier calendrier publié par la Ceni ?</b><b>
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</b>La question ne se résume pas s'il s'agit d'une unième calendrier ou pas. Il faut regarder d'où l'on vient. Il faut regarder le calendrier en lui-même,  quelles sont les opérations que le calendrier annonce, les dates. Il faut pas oublier qu'on doit organiser en même temps trois élections, une élection présidentielle, législative, et des élections provinciales. Les élections présidentielles ne pose pas de problème puis qu'il s'agit d'une circonscription unique. Les élections législatives sont très complexes, les provinciales encore plus. Pour les élections provinciales, nous avons déjà enregistré plus de 25 mille candidats. Et si on rajoute encore 25 ou 30 mille candidats aux législatives nationales, si la loi reste à  l'État, vous verrez qu'il s'agit d'un processus qui est  assez laborieux  par rapport aux défis logistiques du pays et par rapport au fait que tous les congolais veulent devenir député.<b>
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</b><b>Ce calendrier contient plusieurs incohérences sur les dates et  les opérations prévues ?</b><b>
</b>Je ne suis pas techniciens en la matière pour aller dans le détail et dire tel point est incohérence ou pas. C'est un document, à mon avis, qui est de connotation humaine, donc pas parfait.  C'est un document de travail qui permet aux uns et aux autres d'agir. Un calendrier électoral est enchaînement des opérations et des dates. Mais la Ceni est une structure technique. Mais vous savez que la Ceni dépends des autres institutions. La Ceni dépend du parlement qui doit voter des lois, le gouvernement pour la mise en disposition de fonds. La Ceni dépend du Président de la République pour la promulgation de certaines lois. La Ceni dépend des partis prenantes aux élections, pour leur capacité à croire  au processus et à s'y investir. Donc si vous pensez que le travail de l'organisation des élections repose seulement à la Ceni, vous vous trompez.<b>
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</b><b>Joseph Kabila doit rester au pouvoir jusqu'en le 12 janvier 2019 alors que son dernier mandat constitutionnelle a pris fin depuis décembre 2016. Voilà ce qui choque l'opinion...</b><b>
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</b>Ce qui est encore plus choquant, c'est de voire des gens demander une transition sans Kabila. Comment vous faite? Vous ne pouvez pas vous battre pour le respect de la constitution en proposant de la violé. Quelle est cette disposition constitutionnelle qui le prévoit ? Même si cette hypothèse devrait être mise en oeuvre, le Président devrait être, le président du Sénat, puisque la constitution congolaise ne prévoit qu'un cas d'intérim pour des raisons qui sont spécifiées à l'article 75.<b>
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</b><b>Pourquoi donc Joseph Kabila devrait rester encore au pouvoir ? Sans légitimité.</b><b>
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</b>Il y a une chose qui est légitime, et une autre légale. La constitution prévoit que le Président Kabila soit remplacé par un autre au terme d'un processus électoral. Le mode d'acquisition du pouvoir en RDC, ce sont les élections. C'est ne sont pas des  conciliabules de gauche à droit. D'ailleurs ce sont ces conciliabules qui tentent à dénaturer les contenus de nos textes. Aujourd'hui nous sommes en face d'un problème qui doit être réglé par différents accords, accords de la saint sylvestre, accord de la cité de l'OUA. La priorité aujourd'hui pour le peuple, c'est d’aller aux élections, d'aller aux urnes. Pour que le processus réussisse, il faudrait que chacune de partie assume son rôle. Vous ne pouvez pas croiser le bras et espérer que le calendrier produise les résultats escomptés.<b>
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<b>En 2006, 2011, Joseph Kabila concerné, les élections étaient organisées sans glissement. Aujourd'hui puisqu’il ne peut plus se représenter pour la troisième fois, les élections ne sont plus organisées?</b><b>
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</b>Je trouve qu'il faut dépersonnaliser le débat.<b>
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</b><b>On parle de Joseph Kabila comme institution.</b><b>
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</b>Il faut  dépersonnaliser le débat et regarder la crise congolaise dans sa plus grande profondeur. Ce n'est pas rien que depuis 1960, que nous ne sommes jamais arrivés à une passation de pouvoir démocratique. Du fait qu'en 57 ans, nous n’y sommes pas arrivés devrait nous servir de première leçon. Aujourd'hui, le Président Kabila doit quitter le pouvoir, mais ça doit être dans la manière prévue par la  constitution. Il y a eu des écueils, de bonne ou mauvaise guerre implanté par les uns et les autres. C'est vrai que dans la crise actuelle, la majorité est co-responsable aussi bien l'opposition à certains égards. Mais la question aujourd'hui, ce n'est pas de nous focaliser sur le passé. La question aujourd'hui, c'est de regarder comment on atterrit. Je rigoles quand je vois la communauté internationale, de façon unanime, salué le calendrier électoral et promet de s'impliquer. Elle même dénonce et dit ne pas soutenir une transition sans Kabila. C'est- à- dire elle a intégré la vraie réalité. La réalité, c'est qu'il y a une forte présente des armes, des militaires. Il faut pas oublier que le pays vient de sortir d'une politique très fragiles. Les armes donnait le pouvoir avant les urnes. La transition que nous voulons aujourd'hui, c'est celle des armes aux urnes. La question elle est délicate. Le Président qui  doit venir comment il va interagir avec les services de renseignements, les forces de sécurité et tout le reste. Et quel  sera le sort de l'individu Kabila?<b>
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</b><b>L'opposition  appelle à des manifestations à partir de ce 15 novembre. Se dirige-t-on vers un chaos à l'approche du 31 décembre?</b><b>
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</b>Je ne crois pas au chaos, parce qu'au Congo, on nous a promis les chaos de tout le genre. Si l'opposition projette de manifester, c’est son droit. Mais ça serait quoi la finalité de ces manifestations. Obtenir le départ de Kabila ou les élections !! Si tel est le cas alors les objectifs sont différents. Lorsque vous obtenez le départ de Kabila, qu'est-ce qu'il advient? Prenons l'exemple du Burkina Faso.  Vous pensez que ceux qui seront dans la rue, dans l'hypothèse le meilleur, s'ils arrivent à renverser le Président Kabila, ce sont eux  qui prendront le pouvoir?

<b>Stanys Bujakera
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