<em>Tribune.</em>
Aujourd'hui, c’est mon dernier jour en tant qu’Ambassadeur du Royaume-Uni en République démocratique du Congo. C’était pour moi un grand honneur de représenter la Reine Elizabeth II ici, de vivre la beauté de ce grand pays et de travailler avec tant de congolais talentueux et dévoués, y compris mon équipe à l’ambassade.
J’ai particulièrement apprécié le fait que le Royaume-Uni est en mesure de mettre en œuvre son important programme de développement en RDC. Ce programme fournit, par exemple, des soins de santé primaires à 9 millions de congolais. Le Royaume-Uni lui-même s’est enrichi par les apports culturels de tant de congolais, et chaque année j’ai été fier d’appuyer les meilleurs et les plus brillants étudiants du Congo par le canal du programme de Bourses d’études Chevening. Nous avons aussi une coopération mutuellement avantageuse dans d’autres domaines, telles que la migration et les affaires consulaires. Je remercie toutes les personnes concernées.
Il ne serait évidemment pas exact de dire que les relations entre les pays de l’Union européenne (y compris le Royaume-Uni jusqu’en mars 2019) et le gouvernement de la RDC sont excellentes, à un moment où des sanctions de l’UE sont imposées contre certains hauts responsables du gouvernement, et que des divergences de vues majeures sont exprimées à l’ONU sur des questions de droits de l’homme et la démocratie. Néanmoins, les ministres congolais, les officiels de la présidence et d’autres personnalités ont été disponibles pour des discussions amicales, franches et sincères, ce qui m’a plu. La diplomatie requiert de communiquer avec tout le monde.
Je doute que toute personne vivant dans la partie la plus riche de La Gombe, où je réside, a une bonne compréhension de la vie des congolais ordinaires. Mais j’ai une réflexion sur le temps que j’ai passé ici. C’est que tout le monde, de tous les partis politiques, me dit que « le système » doit changer pour que la RDC décolle vraiment.
« Le système », dit-on, est tel que l’État prend énormément d’argent au peuple congolais et aux entreprises. Mais seulement une petite quantité de cet argent va dans le Trésor public/les caisses de l’Etat ; le reste est perdu dans la corruption. L’État dépense environ 10 % du PIB, comparé avec au moins 20 % dans la plupart des pays africains, dont une grande partie sur la sécurité, et peu d’argent sur les dépenses sociales. Les importations de produits alimentaires et autres sont préférables à la production nationale, ce qui aggrave davantage la dépréciation du Franc Congolais. L’on dit que le système judiciaire sert à s’approprier des biens d’autrui et à exécuter des appels de fonds aussi bien illégaux que légaux. Les investisseurs entendent parler de tout cela et sont dissuadés de venir ou de rester en RDC, entraînant ainsi la détérioration de l’économie. Ils font remarquer que toutes ces questions ont été clairement identifiées par le Président Kabila et ses ministres dans plusieurs discours.
Et « le système », dit-on, fait que plus de 50 millions de congolais vivent encore dans une pauvreté extrême en septembre 2017. Si cela est vrai, le changement du « système » doit être la première priorité du nouveau président chaque fois qu’il ou elle est élu(e) et des partenaires internationaux de la RDC.
Mais le peuple congolais aura de meilleures idées qu’un étranger sur la manière dont son pays peut prospérer à l’avenir. Tout en souhaitant à l’ensemble de ce peuple plein succès au cours des années à venir, je tiens à l’assurer que mon pays lui apportera toujours son appui aux efforts déployés par ce peuple.
<blockquote>“Pour remplacer Graham Zebedee, Dr John Murton a été désigné ambassadeur du Royaume-Uni en RDC. Il était en poste depuis 2013 au Kenya, comme haut-commissaire adjoint à l’ambassade britannique”.</blockquote>