Transition sans Kabila : chronique d'un débat entre internautes congolais

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Dimanche 20 août 2017 - 13:56

À Paris, plusieurs organisations de la société civile ont joint leurs forces pour faire avancer les choses, selon des objectifs clairs qu'ils se sont assignés. Eglise catholique, mouvements citoyens et organisations de défense des droits de l'homme ont ensemble signé "le Manifeste du citoyen congolais", un texte qui sert d'engagement à la lutte pour l'alternance en RDC. "Le pays va très mal. Debout congolais ! Décembre 2017 approche", disent les participants avec comme plan de sortie de crise une transition sans Joseph Kabila. Faisable ? Pas faisable ? La question reste posée. 
ACTUALITE.CD a lancé à ce sujet un sondage d’opinion avec comme question : “Plusieurs acteurs de la société civile, réunis à Paris, exigent une transition sans Kabila en RDC. Selon vous, la proposition est-elle :

<ul style="margin-top: 0pt; margin-bottom: 0pt;">
<li dir="ltr" style="list-style-type: disc; font-size: 12pt; font-family: Arial; color: #000000; vertical-align: baseline;">
Réaliste, 
</li>
<li dir="ltr" style="list-style-type: disc; font-size: 12pt; font-family: Arial; color: #000000; vertical-align: baseline;">
Irréaliste,
</li>
<li dir="ltr" style="list-style-type: disc; font-size: 12pt; font-family: Arial; color: #000000; vertical-align: baseline;">
Sans avis
</li>
<li dir="ltr"></li>
</ul>

Quand l’opinion s’emballe

Avec un sens très développé et à l'afflux du moindre détail pour la politique de son pays, la communauté congolaise est l’une des plus politisées en Afrique.

La question de la transition telle que voulue par les organisations de la société civile depuis la capitale française n’a pas tardé à soulever les avis des uns et des autres.

Tout de suite, un débat a pris place au sein de l'opinion nationale. Sur la toile, ce ne sont pas les arguments qui manquent. Les avis vont jusqu'à l'extrême pour dire, pour un tel, sa joie de voir enfin une initiative qui favorise l'alternance, et pour un tel autre, son attachement aux prescrits de la constitution, son légalisme.

“Transition sans Kabila ! Quel est le texte constitutionnel exigeant cet état de choses ?”, s’interroge Jacquet avec un air dubitatif, empreint de légalisme. 

La réplique ne va pas tarder. Pour Isaac, si l’on respecte rien des prescrits, ils n’est pas question de l’exiger des autres.
“Tshibala, Premier ministre, sans la satisfaction de toutes les parties signataires de l'accord. Quel texte constitutionnel exige cet état de choses ? On brise, nous brisons !”

Moïse, lui, se pose des questions de la rationalité des lois. Pour lui, aucun texte ne donne une présidence à vie.
“Quel est le texte constitutionnel qui dit qu'il faut dialoguer à la fin du dernier mandat de Joseph Kabila ? Quel est le texte qui dit que Joseph Kabila est le président éternel de la RDC ?”

Les opposants ont accepté d’aller au dialogue malgré l’inexistence d’un texte les y contraignant, répond Mardochée à Moïse. Il juge, pour sa part, irréaliste de penser à une transition sans Joseph Kabila. “Aucun texte n’a dit d'aller au dialogue, les opposants aussi le savaient, mais ils y avaient participé” “Je veux qu'ils me disent ce qu'ils feront ... cette transition (sans Kabila) leur tombera du ciel ?”, dit à son tour Dan. Pour qui, il ne faut pas rêver d’une transition qui risque de ne rester qu’un fruit de l’imaginaire.

Article 64 et les limites de la légalité

Lorsque l’on évoque l’article 64 de la constitution congolaise, les avis sont partagés. Conséquence logique quand on sait combien les opinions sont à leur tour partagées dans la société congolaise. 

Pour ceux qui considèrent comme un coup de force le maintien de Joseph Kabila au pouvoir au-delà du délai constitutionnel, l’alinéa 1 de cet article leur donne “légalement” le droit de mener des actions. 
Constitutionnalistes, légalistes ou autre forme, les Congolais s’interrogent encore sur les véritables limites des actions à mener en faveur de l’alternance ou non en RDC.

Pour Richard qui dit ne pas être du camp kabiliste, il n'y a aucune formule magique capable de conduire à une transition sans Joseph Kabila.
“C’est irréaliste, non parce que je suis pour Kabila mais seulement parce que je suis constitutionnaliste. Aucun moyen ou formule magique n'est possible dans ce cas”, soutient-il.

“Irréaliste, d'autant plus qu'elle n'est fondée sur aucune base juridique légale. Elle est plutôt inspirée des désirs subjectifs considérant Kabila comme le mal congolais alors que ce n'est pas totalement vrai”, ajoute José.

La question de l’alternance nourrit encore les débats au sein de l'opinion congolaise. De l’avis de plusieurs observateurs, les positions n’ont pas évolué depuis 2016 et tous estiment que décembre 2017 risque d'être, à quelques encablures près, un remake de l'année dernière. Reste à savoir si cette fois encore, un dialogue sera nécessaire.

Jacques Kini

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