<strong><em>Tribune.</em></strong>
<strong>Libre opinion de l’ambassadeur britannique en RDC, Graham Zebedee à l’occasion de la Journée mondiale de la presse </strong>
Aujourd'hui, c’est la Journée mondiale de la liberté de la presse. C’est un bon jour pour réfléchir sur les avantages d’avoir des médias libres. Mais pour commencer, soyons honnêtes. Une presse libre met tout le monde un peu mal à l’aise. Personne n’aime être critiqué, voir ses échecs étalés et parfois faire l’objet de moquerie, voir ses réalisations remises en question, ses motivations attaquées. Les politiciens, fonctionnaires, hommes d’affaires, dirigeants d’églises – même les diplomates ! – font l’objet de ces critiques.
Ainsi, il y a une tentation réelle de la part des gouvernements d’utiliser leurs pouvoirs pour essayer d’empêcher les médias de publier des informations. Et bien sûr qu’il existe quelques cas spécifiques liés à la sécurité nationale, ou pour des raisons juridiques, où toutes les nations (y compris la mienne) imposent des restrictions à la liberté de la presse. Mais il est contre-productif et dangereux de limiter la liberté de la presse au-delà de ces cas isolés.
Premièrement, une telle restriction ne marche pas. Grâce à une meilleure et rapide couverture Internet en RDC, et avec la baisse des prix du smartphone, les Congolais sont de plus en plus informés via les médias sociaux (follow @grahamzebedee !) ou les sites Internet, qui ne peuvent pas être facilement censurés. La vérité finira par éclater.
Deuxièmement, une telle limitation donne une mauvaise image. Les gens se demandent ce qu’un gouvernement cherche à cacher, même s’il ne cache rien. Les investisseurs potentiels s’inquiètent du climat des affaires dans ce pays.
Troisièmement, elle empêche l’administration du gouvernement de s’améliorer. L’inefficacité, les mauvaises prises de décisions et la corruption arrivent à tous les gouvernements. L’exposition de ces faits par les médias offre à tout le monde l’occasion d’améliorer ses systèmes pour minimiser les risques de répétition. Souvent les problèmes et les erreurs se répètent s’ils n’ont pas été critiqués ou publiés.
Quatrièmement, les gens ont le droit de savoir beaucoup de choses sur le fonctionnement d’un gouvernement. Pas tous les détails, bien sûr. Mais plus ils savent, plus ils peuvent jouer un rôle actif dans la société et l’économie.
Donc, dans l’ensemble, les pays qui ont une presse plus libre ont tendance à avoir des gouvernements plus efficaces, à être plus attrayants pour les investisseurs, et leurs citoyens sont mieux informés.
Cependant, tous les pays ne permettraient pas à un ambassadeur de publier ses points de vue dans un journal, comme je le fais aujourd'hui. Ceci nous donne un indice de la liberté de la presse en RDC. En cette matière, la RDC et le Royaume-Uni ont reculé de deux places dans le classement au cours des douze derniers mois, le Royaume-Uni étant actuellement 40e et la RDC 154e. La RDC s’est engagée à prendre un certain nombre de mesures pour améliorer la liberté de la presse. Tout d’abord, la pleine mise en œuvre des éléments sur la liberté des médias libres contenus dans l’accord du 31décembre ; deuxièmement, l’adoption des lois sur la <em>dépénalisation des délits de presse</em> ; troisièmement, l’adoption de la <em>loi sur l’accès à l’information</em>. La mise en œuvre de ces mesures très concrètes aiderait les journalistes congolais à apporter la lumière dans le cœur de la vie publique – et en fin de compte une telle mise en œuvre bénéficierait à tout le monde.