C’est depuis août 2016 que des centaines de personnes sont tuées au centre de la RDC. Aux armes traditionnelles et autres aux grigris des adeptes du chef Kamuina Nsapu, les forces de l’ordre répondent par une artillerie lourde provoquant une prise de position de la part de la Mission de l’ONU en RDC contre les FARDC et la PNC.
Le député Claudel Lubaya, président de l’UDA originelle et modérateur de la Dynamique de l’Opposition, à travers une tribune à ACTUALITE.CD, s’adresse particulièrement au chef de l’Etat.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-90" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="90"><strong>Insécurité au Kasaï</strong>
<strong>Tous coupables, tous incapables. J'accuse</strong>
Avec près de 100 morts rien que jeudi et vendredi derniers à Tshimbulu, en Territoire de Dibaya, la situation sécuritaire au Kasaï Central devient extrêmement préoccupante.
Des jeunes gens, victimes de manipulation et pour la plupart en âge de scolarité sont en train d'être décimés depuis août 2016 avec une brutalité infâme de la part des forces dites de l'ordre. Les derniers massacres de Tshimbulu, perpétrés en plein jour, sont constitutifs d'infraction de crime contre l'humanité. Je dénonce ces actes de violence immondes de même que je les condamne avec la dernière énergie. L'ensemble du Kasaï ne peut pas devenir un champ de bataille avec des populations livrées à la merci des tueurs.
Force est de relever que ces massacres à répétition, qui auraient pu être évités, se déroulent curieusement dans l'indifférence sinon l'insouciance des pouvoirs publics tant provinciaux que centraux, apparemment tous incapables d'arrêter cette tragédie.
A ce jour, l'Etat et l'autorité de l'Etat n'existent plus au Kasaï Central, principal foyer de tension et épicentre de l'insurrection. A la place, ce sont les milices qui font la loi, leur loi. En face, les forces de l'ordre ont le doigt sur la gâchette, prêtes à tirer sur tout ce qui bouge et de manière disproportionnée. Les pouvoirs publics ont complètement failli à leur mission régalienne la plus sacrée à savoir assurer la sécurité des personnes et celle de leurs biens.
A tort ou à raison, accusées d'inaptitude par les uns et de complicité par les autres, les institutions provinciales, manifestement dépassées par les événements, ont à ce jour perdu toute légitimité et s'illustrent chaque jour par leur incapacité devenue endémique à maîtriser la situation. Elles comptent simplement les morts et ne les empêchent pas!
Comme si cela ne suffisait pas, depuis le début de la crise, le pouvoir central se contente de quelques excursions touristiques des officiels aux chef-lieux des provinces affectées et de fois, des rencontres folkloriques entre elles et la notabilité locale vivant à Kinshasa juste pour gérer l'opinion et sans que cela n'apporte des réponses claires et précises à la détresse quotidienne et à l'incertitude des lendemains qui hantent les populations kasaïennes depuis août 2016. Trop, c'est trop.
Nos compatriotes ont la nette impression d'être carrément abandonnés à leur triste sort par le gouvernement central qui, pour des raisons inavouées, refuse d'agir de façon cohérente, concertée et responsable pour limiter les dégâts et sauver des vies. 100 morts en 24 heures : ni réunion de crise au sommet de l'Etat ni conseil extraordinaire des ministres ni appel à la solidarité nationale. Inacceptable. Tous coupables. Tous responsables. Tous indifférents.
Conscient de la gravité de la situation et de ses conséquences au quotidien dans tous les secteurs de la vie provinciale, j'en appelle solennellement au Président de la République, garant de la nation, pour que dans un élan de solidarité avec les populations du Kasaï, les institutions nationales examinent avec sérieux, cohérence et célérité la situation sécuritaire extrêmement préoccupante dans cette partie du pays en vue d'y apporter, le plus vite possible, les réponses appropriées.
Législateur, je sais que le Président de la République dispose, de par la Constitution et les lois de la République, de tous les moyens politiques, matériels, logistiques et financiers nécessaires pour rétablir l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire du Kasaï et ce, sans forcément recourir à la violence. Nos compatriotes attendent de sa part un engagement ferme pour notamment :
1. Établir les responsabilités de cette tragédie en examinant sans complaisance ses causes immédiates et lointaines;
2. Restituer la dépouille mortelle de feu Kamuina Nsapu à sa famille en vue de son inhumation selon la coutume et dans la dignité;
3. Diligenter en toute objectivité une enquête de vacance du pouvoir coutumier dans le groupement de Bashila Kasanga et organiser la succession conformément à la coutume;
4. Pacifier les contrées, réconforter par le dialogue les populations endeuillées et réparer les préjudices subis par les uns et les autres;
5. Recréer les conditions de confiance entre nos populations et les institutions tant provinciales que centrales. J'ai dit.</blockquote>