Est de la RDC : des parlementaires de l'UE appellent le Rwanda à cesser tout soutien aux acteurs déstabilisateurs dans la région et promettent de tout mettre en œuvre pour obtenir la suspension du protocole d’accord UE-Rwanda

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Des parlementaires de l'UE avec la ministre congolaise des affaires étrangères

La délégation de parlementaires de l'Union Européenne vient de clôturer son séjour de travail à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Cette mission menée du 28 au 30 mai a permis aux eurodéputés de recueillir des informations de première main sur la situation socio-sécuritaire dans le pays. Durant leur séjour, ils ont rencontré un grand nombre d’interlocuteurs du gouvernement, de l’opposition, de la société civile et des représentants de la communauté internationale.

La délégation conduite par Hilde Vautmans (Renew, BE), Présidente de la délégation du Parlement auprès de l’Assemblée parlementaire Afrique-UE, créée dans le cadre de l’Accord de Samoa, a rappelé le soutien fort de l’Union européenne au respect très de l’intégrité territoriale de la RDC qui fait face à une tragédie humaine de grande ampleur et esquisser des pistes de réflexion concernant le rôle que l’Union européenne devrait jouer pour faire face à la crise à l’est du Congo.

"L’objectif principal de notre mission était donc clair : écouter et échanger de manière franche.Notre but est également de réaffirmer haut et fort que l’Union européenne est solidaire du peuple congolais. La paix, la sécurité et la stabilité sont des conditions préalables pour un futur stable de la RDC et pour la justice. La crise dans l’Est du pays, les violences commises par le M23, les agressions sexuelles à grande échelle contre les femmes et les enfants, les assassinats arbitraires, les tortures et les déplacements forcés perpétrés - sont totalement injustifiables", a déclaré devant la presse Hilde Vautmans, cheffe de la délégation des parlementaires de l'Union Européenne.

Ces parlementaires ont réaffirmé la position de l'Union Européenne appelant le Rwanda a cessé tout soutien à la rébellion du M23. Ils ont promis de tout mettre en œuvre pour obtenir l'annulation de l'accord de coopération sur les matières premières signé entre le Rwanda et l’Union européenne (UE) le 19 février 2024.

"Nous condamnons fortement et sans réserve les actes violents du M23 soutenus par le  Rwanda, et nous dénonçons leurs tentatives persistantes de déstabilisation de la RDC. Le Rwanda doit se positionner d'urgence dans ce conflit et répondre à l'appel à cesser tout soutien aux acteurs déstabilisateurs dans la région. Nous réitérons notre appel à la suspension du protocole d’accord de l’UE avec le Rwanda et nous ferons tout dans notre mandat pour le garantir", ont-ils rassuré via la déclaration lue par la porte-parole et cheffe de la délégation.

Par ailleurs, ces parlementaires de l'Union Européenne ont appelé à la cessation immédiate des hostilités pour garantir un accès humanitaire sans entrave dans les zones sous contrôle de la rébellion du M23 soutenus par le Rwanda.

"La catastrophe humanitaire, le nombre de victimes, de déplacés et de blessés sont véritablement bouleversants. Il est indispensable d’atténuer les souffrances humaines, et nous appelons tous les acteurs militaires de la région à cesser immédiatement les hostilités,à garantir un accès humanitaire sans entrave, à établir des couloirs sécurisés et à autoriser un pont aérien pour acheminer du matériel médical, de la nourriture et des biens de première nécessité.Nous saluons les efforts remarquables déployés par la Ministre des Affaires sociales Nathalie-Aziza Munana pour soulager les souffrances humaines à travers toute la RDC et dans la région — Ministre que nous avons rencontrée", ont-ils plaidé à l'issue de la mission.

Alors que se poursuit la guerre d’agression rwandaise via la rébellion du M23, l'Union Européenne continue de suivre de près la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo et soutien à la défense de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. En mars dernier, l’UE a adopté des sanctions ciblées contre plusieurs officiers de la Rwanda Defence Force (RDF) et membres du M23. Ces mesures visent des responsables accusés de jouer un rôle clé dans la déstabilisation de l’Est de la RDC.

Parmi les personnes sanctionnées figurent Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales de la RDF ; Eugène Nkubito, commandant de la 3ᵉ division de la RDF, présente au Nord-Kivu depuis août 2022 ; Pascal Muhizi, brigadier général, commandant de la 2ᵉ division, déployée depuis août 2023. Dans les rangs du M23, sont visés Bertrand Bisimwa, président du mouvement, déjà sous sanctions onusiennes ; Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande ; John Imani Nzenze, colonel du M23 ; Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi, chef adjoint des finances ; et Jean Bahati Musanga, ancien responsable financier du groupe, actuellement gouverneur autoproclamé de l’administration rebelle à Goma.

Ces sanctions s’inscrivent dans la ligne de la position européenne, qui appelle au respect de la souveraineté de la RDC et à la fin des violences dans l’Est du pays.

Clément Muamba