Au cours de son mandat débuté en février 2021, Bintou Keita a dû faire face à plusieurs défis majeurs à la tête de la MONUSCO. Nommée dans une mission décrite comme l’une des plus exposées au monde, elle a pris ses fonctions dans un contexte d’offensives armées répétées, de violences persistantes et de pression croissante sur les moyens du maintien de la paix.
Quelques jours après son arrivée, l’éruption du volcan Nyiragongo la conduit à relocaliser plus de 3 000 employés de l’ONU et leurs familles, à mobiliser les unités de génie pour dégager les axes, à contribuer au rétablissement de l’approvisionnement en eau et à soutenir la surveillance volcanologique.
La reprise de l’offensive du M23 constitue un autre moment critique.
Sous son mandat, la mission affronte également de fortes hostilités populaires. En juillet 2022, des manifestations éclatent à Goma, Beni et Butembo, entraînant des attaques de bases onusiennes, des pillages et la mort d’agents de l’ONU, dans un climat de désinformation, de propos misogynes et de stigmatisation tribale.
La MONUSCO fait aussi l’objet de pressions politiques et diplomatiques. Kinshasa pousse au départ d’un porte-parole de la mission, tandis que l’AFC/M23 la présente comme une « entité belligérante vaincue » et que Kigali la considère comme proche des autorités congolaises. La mission est régulièrement prise pour cible dans un contexte marqué par l’implication d’armées étrangères (Rwanda, Burundi, Ouganda) et l’arrivée de mercenaires décrits par Kinshasa comme des instructeurs.
Un autre chantier majeur concerne la mise en œuvre du plan de transition conjoint RDC–ONU signé en septembre 2021, aboutissant au retrait du Tanganyika, puis à la fermeture du bureau du Sud-Kivu en juin 2024 avec un transfert d’équipements évalué à 10 millions de dollars, et au retrait du Kasaï, du Tanganyika et du Sud-Kivu. À la fin de son mandat, la MONUSCO n’est plus présente que dans le Nord-Kivu et en Ituri.