RDC–Rwanda : sans condamner Kigali, Israël soutient la médiation américaine et souhaite que l’attention du monde se tourne vers cette crise plutôt que sur lui

Photo d'illustration
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Le Président de l’État d’Israël, Isaac Herzog, effectue ce mardi 11 novembre 2025 une visite de travail à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Ce déplacement vise à consolider les relations bilatérales entre Israël et la RDC, déjà renforcées par les précédentes rencontres entre les présidents Herzog et Félix Tshisekedi, en 2021 à Jérusalem et en janvier dernier à Davos, en Suisse.

À l’issue d’un tête-à-tête tenu à la Cité de l’Union africaine, Isaac Herzog a indiqué que leurs échanges avaient porté sur plusieurs sujets d’intérêt commun entre les deux nations. Évoquant la situation sécuritaire en Afrique centrale, il a rappelé que "la crise n’est pas seulement au Moyen-Orient"  et a souligné la nécessité pour les États africains de régler eux-mêmes leurs différends. S’agissant de la crise opposant Kinshasa à Kigali, le Président israélien n’a pas condamné directement l’agression rwandaise menée à travers la rébellion de l’AFC/M23, mais a exprimé son soutien à la médiation américaine, tout en estimant que la communauté internationale devrait accorder davantage d’attention à ce conflit qu’à la situation au Moyen-Orient.

"Israël doit jouer un rôle central, car l’Afrique revêt une importance capitale pour notre nation. Il n’y a aucune raison que les pays africains nous tiennent à distance. Monsieur le Président, le conflit n’est pas seulement au Moyen-Orient, et j’espère que l’Afrique saura régler ses propres crises. J’apprécie les efforts du Président Donald Trump pour la restauration de la paix dans le conflit qui vous oppose au Rwanda. J’aimerais que l’attention du monde se tourne vers cette crise plutôt que de se concentrer excessivement sur Israël. C’est un grand privilège, cher ami, de travailler ensemble pour restaurer la paix et la stabilité", a déclaré Isaac Herzog lors d’un point de presse conjoint avec son homologue congolais.

Pour sa toute première visite en République démocratique du Congo, Isaac Herzog inscrit ce déplacement dans le cadre du renforcement de la présence diplomatique et économique d’Israël sur la scène africaine et du raffermissement de la coopération bilatérale entre les deux pays.

" Il ne fait plus de doute qu’il existe beaucoup d’opportunités à saisir ensemble. Nous avons eu des discussions approfondies et je suis très heureux d’être ici pour élargir nos visions communes. Nous avons été impressionnés par votre vision, et nous allons travailler à consolider davantage nos relations. Au-delà de cela, nous partageons des valeurs communes, notamment en matière de justice. Je félicite la RDC pour son élection au Conseil de sécurité de l’ONU, à compter de janvier prochain. Israël, fidèle à sa mission, continuera de servir les intérêts de l’humanité au sein de cette instance. Nous sommes aussi reconnaissants du soutien que vous nous avez apporté au sein de l’Union africaine" a ajouté le chef de l’État israélien.

Cette visite intervient dans un contexte diplomatique délicat entre la RDC et le Rwanda. Après la chute de Goma et de Bukavu et l’échec du processus de Luanda, l’Accord de Washington et le processus de Doha constituent désormais les deux piliers complémentaires des efforts régionaux et internationaux visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est du pays, notamment ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés tels que le M23.

Sous les auspices des États-Unis d’Amérique, la signature de l’accord de Washington entre la RDC et le Rwanda a marqué une étape importante dans la relance du dialogue bilatéral. Les discussions de Doha, quant à elles, se poursuivent autour des dimensions internes du conflit : la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire et la réintégration des groupes armés dans le processus de paix.

Malgré cette avancée diplomatique sur le papier, la situation sur terrain peine à donner des résultats escomptés. Face à ce décalage entre les avancées diplomatiques et les réalités sur terrain, des voies ne cassent de se lever pour appeler les différentes parties au respect des engagements pris dans différentes initiatives diplomatiques. 

Clément MUAMBA