Lubero : au moins cinq civils tués dans une nouvelle attaque des ADF dans le secteur des Bapere

Lubutu, village voisin de Ombole, dans le secteur de Bapere
Lubutu, village voisin de Ombole, dans le secteur de Bapere

Au moins cinq civils ont été tués ce mardi 7 octobre dans une nouvelle attaque des combattants d’Allied Democratic Forces (ADF) à Rizerie, un village situé sur l’axe Ombole-Robinet, dans le groupement Babika (secteur des Bapere) dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu.

Selon des sources locales, les assaillants ont fait irruption dans un site minier artisanal où ils ont abattu cinq creuseurs artisanaux en pleine exploitation d’or. Après leur forfait, les ADF se sont dirigés vers la localité de Robinet, où ils ont affronté les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Le président de la société civile des Bapere, Kagheni Samuel, a confirmé l’information à ACTUALITÉ.CD. Il a appelé les services de sécurité à intensifier les opérations de traque de ces assaillants jusqu’à leur dernier retranchement, afin de mettre un terme aux massacres récurrents des civils. Il exhorte également la population à faire preuve de vigilance, signalant que les combattants ADF se cacheraient dans la forêt environnante.

« Les ADF ont tué cinq personnes à Rizieri, une localité située dans le groupement de Bibika. Ils se dirigeaient vers l’ouest. Plusieurs entités sont actuellement sous la menace de ces terroristes. Face à cette insécurité, la population a abandonné certaines localités pour se regrouper dans de grandes agglomérations comme Robinet et Mangurejipa, chef-lieu du secteur.

Dans les zones reculées, loin des grands centres, ce sont les éléments de la nébuleuse ADF qui imposent leur loi. Les assaillants pratiquent une forme de guérilla. Comme nous sommes en pleine forêt, ils restent très mobiles et ne stationnent jamais plus de 48 heures au même endroit », rapporte le président de la société civile de Bapere.

Et de poursuivre :

« Le message que nous adressons aujourd’hui aux autorités, en particulier à notre armée, c’est d’intensifier les opérations sur le terrain. Il faut que ces opérations soient plus soutenues, car l’ennemi n’attend pas d’être attaqué : c’est lui qui passe à l’offensive. C’est pour cela que nous demandons à nos forces de redoubler d’efforts pour mettre fin à ces attaques contre la population paisible.

Nous appelons également la population à la vigilance. Il est fortement déconseillé de s’aventurer trop loin dans la brousse, car l’ennemi est encore en mouvement. Nous demandons à la population de permettre aux forces de sécurité de mener leurs opérations dans la zone. Une fois que celle-ci sera pacifiée, les habitants pourront alors retourner à leurs activités en toute sécurité, même dans les zones les plus reculées », exhorte-t-il.

Ce bilan, encore provisoire, pourrait évoluer, préviennent plusieurs sources locales. Ces nouvelles tueries surviennent à peine deux semaines après une autre attaque sanglante menée dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 septembre 2025 par les mêmes ADF. L’attaque ciblait trois villages proches de Maiba, toujours dans le territoire de Lubero. Au moins six personnes y avaient trouvé la mort.

En septembre dernier, près de 100 civils ont été tués dans deux attaques distinctes perpétrées par les ADF dans les territoires de Lubero et de Beni. L'une des plus meurtrières a eu lieu à Ntoyo, à seulement 7 kilomètres de Mangurejipa, dans le secteur des Bapere, où au moins 72 personnes ont été massacrées. Une centaine d'autres ont été enlevées lors de ces raids.

Face à cette recrudescence des violences, le président Félix Tshisekedi a profité de la tribune de la 80e Assemblée générale de l’ONU pour dénoncer les exactions commises par les groupes terroristes, notamment les ADF. Dans son discours prononcé à New York le mardi 23 septembre, le chef de l’État a rappelé que "le terrorisme demeure une menace grave pour la paix et la sécurité internationales", soulignant le lourd tribut que continue de payer l’est de la République démocratique du Congo, mais aussi l’ensemble du continent africain, face à l’intégrisme islamiste.

Josué Mutanava, à Goma