Tshisekedi au Kazakhstan pour une visite d’État dominée par les enjeux miniers

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi

Félix Tshisekedi est arrivé mardi à Astana pour une visite d’État de 48 heures au Kazakhstan, une première dans l’histoire des relations bilatérales entre les deux pays, marquée par des enjeux économiques, miniers et diplomatiques.

Le président congolais doit s’entretenir mercredi au palais présidentiel d’Akorda avec son homologue Kassym-Jomart Tokayev. L’entretien en tête-à-tête sera suivi d’une réunion élargie aux délégations, au cours de laquelle plusieurs accords et mémorandums d’entente doivent être signés. Ils concerneront notamment l’exploitation minière, la géologie, l’usage de l’intelligence artificielle dans les mines, ainsi que la formation de cadres et techniciens.

Kinshasa et Astana veulent donner un nouvel élan à une coopération « mutuellement avantageuse », alors que le secteur minier occupe une place centrale dans cette visite. La RDC est un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre et de cobalt, tandis que le Kazakhstan, ancienne république soviétique d’Asie centrale, est également un acteur majeur des ressources naturelles.

Le dossier Eurasian Resources Group (ERG), géant minier basé au Luxembourg et détenu à 40% par l’État kazakh, devrait occuper une place importante dans les discussions. ERG, l’un des principaux producteurs mondiaux de ferrochrome, d’alumine, de cuivre et de cobalt, est un investisseur de premier plan en Afrique, notamment en RDC et en Zambie. En RDC, il exploite notamment les sites de Boss Mining, Frontier, Comide et Metalkol RTR, un projet phare de retraitement de résidus.

En mars 2024, les autorités congolaises ont radié ERG du marché de la sous-traitance, l’accusant d’avoir dissimulé la propriété de neuf entreprises sous-traitantes contrôlant à elles seules 98% des marchés locaux. L’Autorité de régulation de la sous-traitance (ARSP) a dénoncé une concentration estimée à des centaines de millions de dollars, contraire à la loi congolaise. Kinshasa a assuré que les contrats retirés seront désormais repris par des firmes congolaises.

De son côté, ERG a rejeté ces accusations, affirmant que les sous-traitants mentionnés « n’étaient pas directement associés » au groupe. L’entreprise, qui dit fonctionner « sans lien avec la Russie », a souligné son engagement en matière de transparence et de conformité réglementaire. Elle affirme coopérer pleinement avec l’ARSP, mettre en œuvre les recommandations correctives, et rappelle avoir investi plus de 9 milliards de dollars en RDC entre 2009 et 2022, générant 1,6 milliard de dollars en impôts et redevances.

Le groupe se dit également attaché à « développer et soutenir les entrepreneurs locaux » afin de contribuer à la création d’une classe moyenne en RDC et de concrétiser la vision du président Tshisekedi pour une économie plus inclusive.

Pour cette mission, le chef de l’État congolais est accompagné de la ministre d’État aux Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba et du ministre des Mines Louis Watum Kabamba.