Ouverts mercredi 3 septembre, les travaux du dialogue annuel sur la paix et la sécurité en Afrique organisés par la fondation Thabo Mbeki se poursuivent ce jeudi 4 septembre 2025 à Johannesburg en Afrique du Sud. Pour cette édition, la situation de la crise sécuritaire en République démocratique du Congo, tout comme au Mozambique, sont au programme des discussions de trois jours avec des dirigeants africains, des décideurs politiques, des universitaires et des organisations de la société civile.
Selon les organisateurs, l'objectif du dialogue annuel sur la paix et la sécurité en Afrique est d'offrir une plateforme aux dirigeants politiques et économiques, aux universitaires et aux décideurs africains pour discuter des défis actuels en matière de paix et de sécurité auxquels le continent est confronté, partager les meilleures pratiques et élaborer des solutions concrètes. Ce dialogue vise à approfondir la compréhension et à stimuler un débat constructif sur les solutions africaines aux défis de paix et de sécurité.
"Le président de la Fondation Thabo Mbeki, a ouvert le dialogue: le dialogue de cette année vise à identifier les voies vers la paix en République démocratique du Congo (RDC) et à prévenir et contrer la propagation de l'extrémisme violent au Mozambique et ailleurs dans la région de l'Afrique australe. Permettez-moi de formuler quelques observations afin de définir cet événement comme une intervention stratégique. Soyons clairs: nous ne nous réunissons pas pour discuter, et nous ne proposons pas non plus le dialogue sur la paix et la sécurité en Afrique (APSD) comme un forum de négociation. Malgré la présence de nombreux experts dans la salle, nous n'aspirons pas à être une conférence académique", lit-on sur le compte X de la Fondation Thabo Mbeki.
Pour cette deuxième journée, les participants vont échanger en profondeur pour comprendre, mais aussi à forger de véritables solutions pour la paix et la prospérité au continent.
"La deuxième journée débute avec une énergie et une détermination renouvelées. Hier, nous avons abordé des questions difficiles sur l'unité, l'histoire et la diplomatie africaine. Aujourd'hui, nous approfondissons le dialogue, cherchant non seulement à comprendre, mais aussi à forger de véritables solutions pour la paix, la stabilité et la prospérité sur notre continent", explique la Fondation.
Invitée à prendre part à ce rendez-vous, l'opposition politique congolaise a vu plusieurs de ses composantes ne pas se rendre en Afrique du Sud. Certains acteurs politiques de l'opposition ont accusé l'administration Tshisekedi de les avoir empêchés d’y participer ou d’avoir fait pression sur le gouvernement sud-africain pour leur refuser les visas.
"Sur ordre du régime Tshisekedi, le Gouvernement sud-africain m’a refusé le visa, m’empêchant ainsi de participer à la Conférence internationale sur la paix organisée par la Fondation Thabo Mbeki. Il est certes vrai que l’octroi d’un visa est un acte de souveraineté. Mais, le refuser à un opposant politique sur demande du Gouvernement de son pays, est une violation des droits humains», a dénoncé Jean-Marc Kabund a Kabund sur son compte X.
Dans le même registre, l'ancien député national de Mwenga Jean-Claude Kibala a révélé avoir été empêché de voyager pour l’Afrique du Sud. Pour sa part, le parti LGD de l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo est également buté aux problèmes administratifs liés à la non obtention du visa Sud Africain.
"Malgré notre entière disposition et notre engagement à participer à ces échanges, nos délégués n’ont malheureusement pas pu obtenir les visas et titres de voyage, tel que convenu. Cette situation, totalement indépendante de notre volonté, rend malheureusement impossible notre présence physique à ces assises en Afrique du Sud", lit-on dans le communiqué.
Ayant la majorité de ses cadres en dehors du pays, une délégation de haut niveau du Front Commun pour le Congo (FCC), représentant l’ancien président de la RDC Joseph Kabila, a marqué l’événement par sa participation. Conduite par le professeur Néhémie Mwilanya, dernier directeur de cabinet de Kabila, la délégation comprenait : André Kimbuta, ancien Gouverneur de Kinshasa, Francine Muyumba, ancienne Sénatrice, et le Professeur Félix Momat, ancien Vice-Ministre du Budget. Leur présence, disent des sources proches, « témoigne de l’engagement de Kabila envers les stratégies innovantes pour promouvoir la paix et la sécurité en Afrique à travers un dialogue inclusif et transparent".
La rébellion de l’AFC/M23 est représentée notamment par son porte-parole Laurence Kanyuka. Selon nos confrères de RFI, Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga et président du parti politique Ensemble pour la République, a mandaté quatre représentants menés par le député Mwando Nsimba. Son objectif, dit-il, est de « décrisper l’atmosphère et préparer un futur dialogue national sous l’égide des Églises catholique et protestante ».
De son côté, le leader de l'ECIDE Martin Fayulu a décliné l’invitation de la fondation évoquant un flou dans l’organisation et des objectifs poursuivis. Il dit privilégier également un processus inclusif national piloté par la CENCO-ECC qui vient de publier une nouvelle feuille de route. Kinshasa a pour sa part jugé l'initiative " inopportune" préférant se concentrer aux initiatives de Washington et Doha en attendant un dialogue national et inclusif qui doit être convoqué à la propre initiative de Félix Tshisekedi, chef de l'État.
Au lendemain de l'occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, des efforts diplomatiques majeurs sont en cours pour tenter de résoudre la crise sécuritaire entre Kinshasa et ce mouvement. L’Accord de Washington signé grâce aux États-Unis d'Amérique et le processus de Doha piloté par l'État du Qatar sont les deux volets complémentaires d’une initiative diplomatique majeure visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés comme l'AFC/M23.
Clément MUAMBA