Pour l’AFC/M23, l'approche de Trump n’apportera pas de solution à la crise en RDC: "il a sa méthode, est-ce que c’est lui ou plutôt ses conseillers qui voient que le dossier congolais est une opportunité de business?"

Signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis
Signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis

La République Démocratique du Congo et le Rwanda ont signé sous les auspices des États-Unis d'Amérique un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Parallèlement à cette initiative, l'administration Trump via son Conseiller Afrique du Département d'État américain, Massad Boulos, appuie également le processus de Doha entre Kinshasa et la rébellion de l'AFC/M23 sous la supervision de l'État du Qatar.

En dépit de la signature du communiqué conjoint et de la déclaration de principes, le processus de Doha semble piétiner, aggravant davantage la situation sécuritaire marquée par des accusations mutuelles de violations du cessez-le-feu. Ce qui suscite des interrogations notamment au sein de la rébellion de l’AFC/M23 sur l'approche de Donald Trump dans la résolution de la crise dans l’est congolais. 

"Trump c'est le Président américain que tout le monde semble craindre, il a sa méthode, son approche, est-ce que c’est lui ou bien ce sont plutôt ses conseillers qui voient que le dossier congolais est une opportunité de business? Et devant la débâcle de Monsieur Tshisekedi, il est allé lui proposer que je peux te donner tout le Congo gratuitement pourvu que moi je reste au pouvoir, ça ne résout pas la crise parce que oui nous on parle des minerais, est-ce que nous on est ici à cause des minerais? Non. Et nous lui disons, s'il veut vraiment des minerais qu'il vienne et parlons-en on lui laissera la porte pour prendre, le problème dont je parle ici des Tutsis qui sont discriminés en quoi ça a avoir avec les minerais ? Même s'il prenait tout le Congo, vous aurez toujours des congolais qui diront nous on a tel problème. Donc ça ne résout aucun problème", a réagi lundi 1er septembre, Corneille Nangaa, coordonnateur politique de l'AFC/M23 au cours d'une conférence à Goma.

Pour Nangaa, les causes de la crise en République Démocratique du Congo vont au-delà d'un probable accord minier entre Kinshasa et Washington. À l'en croire, ceux qui pensent qu'ils vont quitter les zones sous contrôle de l’AFC/M23 se trompent.

"Nous avons dit on ne vivra plus en exil, s'en est de trop, nous rentrons chez nous et nous sommes chez nous aujourd'hui, ceux qui pensent qu’on va se retirer d'ici, on ira où ? Est-ce que Trump sait ça ? Que même s'il fait ses business et consorts, nous, on ira nulle part, nous resterons ici et on a même pas l'intention, on ne rêve même pas de repartir, on va aller où ?" s'est-il interrogé.

Selon l’AFC/M23, l’approche de Trump ne résout pas le problème congolais. 

"Le problème reste entier, que ceux qui veulent des minerais prennent les minerais mais nous nous avons des causes, nous avons des raisons, notre cause est noble, nous voulons vivre chez nous avec dignité, notre problème c’est qu'il n'y a pas d'Etat, Tshisekedi a détruit les FARDC ce n'est plus une armée, Tshisekedi a détruit la justice”.

Au lendemain de l'occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, des efforts diplomatiques majeurs sont en cours pour tenter de résoudre la crise sécuritaire entre Kinshasa et ce mouvement. L’Accord de Washington signé grâce aux États-Unis d'Amérique et le processus de Doha piloté par l'État du Qatar sont les deux volets complémentaires d’une initiative diplomatique majeure visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés comme l'AFC/M23.

Après la signature de la déclaration de principes, les engagements mutuels censés poser les bases d’un futur accord de paix global peinent à se matérialiser. Les mesures de confiance considérées comme indispensables à la reprise des pourparlers début août en vue de parvenir à un accord de paix global restent jusque-là sans effet. Face à cette situation et au regard du blocage constaté dans la mise en œuvre de cette déclaration ont fait peser des risques réels sur la suite du processus alors que selon le chronogramme contenu dans la déclaration de principes signée à Doha, les parties s'étaient engagées à reprendre les discussions sur un accord de paix au plus tard le 8 Août 2025 avec en ligne de mire la signature d’un accord de paix global prévue le 17 août 2025.

Clément MUAMBA