Le décor est déjà planté à la Haute Cour Militaire (HCM) pour l'ouverture du procès opposant le Ministère public contre Joseph Kabila, ancien Président de la République et Autorité morale du Front Commun pour le Congo (FCC). En attendant, les avocats, les journalistes, les militaires commis à la sécurité pendant l’audience sont déjà présents à la Haute Cour Militaire.
Selon l'extrait de rôle, plusieurs faits criminels sont mis à sa charge, il s’agit notamment de la participation à un mouvement insurrectionnel, du crime contre la paix et la sécurité de l’humanité, de l’homicide intentionnel par balles, haute trahison, apologie, viol, torture, enfin déportation, occupation à force ouverte de la ville de Goma.
Cette démarche fait sur autorisation du Sénat, qui a voté pour la levée des immunités de l’ancien président, sénateur à vie. Après des jours de délibérations intenses, marquées par la constitution d’une commission spéciale et des débats à huis clos, la chambre haute a donné son feu vert pour autoriser des poursuites judiciaires contre Joseph Kabila. Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes, alors que le pays est confronté à une recrudescence des violences dans l’est, notamment avec la rébellion du M23.
Le rapport final de la commission spéciale, distribué aux sénateurs avant le vote, a été déterminant dans cette décision. Il met en lumière des accusations graves portées par l’auditeur général près la Haute Cour militaire, notamment des charges de « trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel » en lien avec le soutien présumé de Joseph Kabila à la rébellion M23.
Ces allégations, portées par le gouvernement du président Félix Tshisekedi, ont été vivement contestées par les proches de l’ancien président, qui dénoncent une « persécution politique » orchestrée pour écarter un rival influent. La séance plénière, qui s’est tenue au Palais du Peuple à Kinshasa, a été tenue sans Kabila lui-même.
Clément Muamba