Nord-Kivu : MSF appelle à une mobilisation urgente suite à la dégradation de la situation humanitaire dégradante à Bambo suite aux combats entre AFC/M23 et wazalendo

Bambo sur la carte
Bambo sur la carte

Médecins Sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme sur la situation alarmante que traverse la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo. Mardi 3 juin, l’ONG a appelé à une mobilisation urgente pour protéger les civils et répondre aux besoins essentiels des populations déplacées, alors que la cité de Bambo, dans la chefferie de Bwito (Rutshuru) est surpeuplée par un afflux massif de déplacés fuyant les combats entre les rebelles de l’AFC/M23 et les groupes armés locaux wazalendo.

Depuis le 15 mai,  Bambo est le théâtre d’intenses affrontements entre les rebelles de l’AFC/AFC et les miliciens wazalendo du groupe CMC. Ces combats ont entraîné la fuite de plus de 900 familles de la chefferie de Bwito, venues se réfugier dans cette cité aujourd’hui au bord de l’asphyxie.

"Bambo, encerclée par les combats, est devenue un refuge pour des milliers de personnes fuyant les violences, les pillages et les incendies de villages", rapporte MSF dans son document. 

L’hôpital général local, soutenu par l’organisation, fait face à une surcharge inédite de patients, pour la plupart des civils blessés par des balles perdues ou des éclats d’artillerie.

La chef de mission adjointe de MSF à Goma, Matilde Gueho, avait indiqué le jeudi 22 mai dernier que près de 500 ménages vivent dans des conditions précaires dans des écoles, des églises ou des sites informels, tandis qu’environ 4 000 personnes sont hébergées par des familles locales déjà en grande difficulté. La population de Bambo aurait doublé en l’espace de quelques jours, selon François Calas, chef de programme MSF au Nord-Kivu.

"MSF a pu évaluer la situation dans deux écoles accueillant les personnes déplacées et a signalé plusieurs problèmes majeurs, notamment un accès très limité à l’eau potable et à des infrastructures d’hygiène de base, telles que les douches et les latrines, ce qui accroît considérablement les risques épidémiques. Les conditions d’hébergement dans ces lieux sont également inadéquates, notamment en raison de l’absence de moustiquaires, alors que 70 % des consultations dans les structures soutenues par MSF concernent le paludisme. Plusieurs cas ont été signalés dans la région. Grâce au soutien de MSF, les soins de santé primaires sont gratuits pour les enfants âgés de un mois à 15 ans, au centre de santé de Faraja situé dans le village de Bambou. Le référencement et la prise en charge des cas compliqués sont également assurés à l’hôpital de Bambou, où MSF garantit une prise en charge gratuite aux services des urgences, de pédiatrie, ainsi que dans l’unité nutritionnelle thérapeutique", explique François Calas , chef de programme MSF au Nord-Kivu.

Sur terrain, MSF tente de répondre à l’urgence : distribution de kits de première nécessité, amélioration des infrastructures sanitaires, et appui renforcé aux structures de soins. Toutefois, l’ONG insiste : ses capacités sont limitées et ne suffisent pas à faire face à l’ampleur des besoins, notamment en matière de sécurité alimentaire.

Beaucoup de déplacés dorment à la belle étoile, sans abri, sans moustiquaire, ni accès à l’eau potable. La situation est intenable, déplore un agent de terrain de MSF. L’insécurité constante empêche les populations de retourner dans leurs champs, aggravant une crise alimentaire déjà visible dans cette partie de la chefferie de Bwito, Médecins sans frontières indique que les taux de malnutrition sont en hausse, notamment chez les enfants.

Les combats ne cessent de menacer la vie des civils. Le 14 mai dernier, un civil avait été tué et plusieurs maisons incendiées. Une semaine plus tôt, plus de 20 blessés avaient été pris en charge par MSF, dont six dans un état critique, à la suite des affrontements autour de Bambo. Des tirs à proximité immédiate de l’hôpital ont contraint les équipes médicales à suspendre leurs activités, mettant la vie des blessés en danger.

La situation reste confuse et volatile dans la zone de Bambo, indique un notable local. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus ce mercredi et des exactions et violation des droits de l’homme continuent d’être enregistrées.

Josué Mutanava, à Goma