Polémique autour de 1 000 dollars avant l’investiture du gouvernement au Kwilu : un député évoque une “pratique parlementaire” et rejette toute accusation de corruption

Elections du bureau définitif à l’Assemblée provinciale du Kwilu
Elections du bureau définitif à l’Assemblée provinciale du Kwilu

La province du Kwilu est secouée par une vive polémique à l’approche de l’investiture du nouveau gouvernement provincial. Un audio, devenu viral sur les réseaux sociaux et attribué à un député provincial, fait est au cœur des débats : on y entend une voix exiger 1 000 dollars avant l’approbation du gouvernement, évoquant des frais surnommés " lunettes".  Ces frais, selon l’enregistrement, serviraient à permettre aux députés de "bien lire le programme du gouvernement entrant”

Interrogé , le député provincial Blanchard Takatela confirme l'existence de l’échange, tout en affirmant qu’il s’agissait d’une conversation entre collègues, rendue publique de manière malveillante. Il insiste sur le fait qu’il ne s’agit en aucun cas de corruption, mais plutôt d’une pratique parlementaire établie.

“Vous savez ce qui se passe dans les pratiques parlementaires, que ce soit au niveau national ou provincial : à chaque investiture d'un gouvernement ou à chaque adoption du budget, cela existe. Le gouverneur ne vient pas comme ça. Il vient juste pour encourager les députés, nationaux ou provinciaux. Le gouvernement ne vient pas comme ça, il vient les encourager et demander leur faveur. Cette demande est précédée par ce que nous disons, ce que vous qualifiez là. Il est tout à fait normal pour nous, dans une assemblée provinciale remplie de nouveaux députés, de leur dire ce qui se fait à chaque investiture”, déclare Blanchard Takatela, élu de Bulungu.

Il poursuit en citant l’exemple du niveau national pour relativiser la controverse actuelle :

" Il doit nous précéder par une motivation. Ce n’est pas de la corruption. Au niveau national, nous avons suivi le gouvernement Judith. Combien de tours a-t-elle faits pour que les députés puissent accepter son gouvernement ? Même à l'adoption du budget. C'est normal. Ce n'est pas une nouveauté ", ajoute-t-il.

Le député insiste également sur le caractère non contraignant de cette pratique. Selon lui, il ne s’agit pas d’une condition posée pour l’investiture du gouvernement, mais d’une information partagée avec les nouveaux élus sur le fonctionnement habituel de l’institution.

“On n'a pas conditionné. Il n’y a pas de condition. Mais il faut quand même prévenir les collègues de certaines pratiques parlementaires qui se font. Et ce n'est pas une nouveauté pour le Kwilu. On les a prévenus parce qu'ils viennent à peine d'arriver. On doit leur dire qu'à cette étape, voici comment les choses doivent se passer”, précise Blanchard Takatela.

En attendant, le gouvernement provincial censé être investi n’a pas encore été officiellement publié. L’investiture, initialement annoncée de manière officieuse pour ce vendredi 30 mai, a été renvoyée au lundi 2 juin, les tractations se poursuivant en coulisse.

Jonathan Mesa