Kabila accuse le pouvoir d’avoir « perdu le monopole de la violence légitime » en sous-traitant la sécurité à des groupes armés et forces étrangères

Joseph Kabila
Joseph Kabila

L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a accusé vendredi le régime en place d’avoir « perdu le monopole de la violence légitime » en confiant le maintien de l’ordre à des groupes armés, des milices tribales, des forces étrangères et des mercenaires, au détriment de l’armée nationale.

Dans un discours prononcé six ans après avoir quitté le pouvoir, Kabila a dénoncé une « déliquescence de la situation sécuritaire » qu’il attribue à une « mauvaise gouvernance » caractérisée notamment par « une formation militaire bâclée », des « recrutements et mises en place ethniquement motivés » et « l’emprisonnement sans jugement aussi bien de plusieurs militaires et officiers de haut rang, que des agents de l’ordre et de sécurité majoritairement swahiliphones ».

« À l’Armée Nationale, bouclier de la nation, et instrument de préservation de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale, il a été substitué des bandes de mercenaires, des groupes armés, des milices tribales et des forces armées étrangères », a-t-il déclaré.

Selon lui, « l’État a ainsi perdu le monopole de la violence légitime en sous-traitant aux groupes armés, autrefois maîtrisés, le maintien de l’ordre public et de la tranquillité nationale ». Il a affirmé que ces choix avaient « enfoncé le pays dans un chaos indescriptible ».

Joseph Kabila a également affirmé que « l’armée nationale est vilipendée, conspuée et tournée en dérision par les autorités qui n’assument jamais rien », alors qu’elles devraient veiller « à sa consolidation et à sa respectabilité ».

Il a critiqué la stratégie régionale du gouvernement qui, selon lui, a détourné la RDC des « deux principaux instruments internationaux » ayant permis la stabilité dans la région : le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération.

« En faisant des forces négatives, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), ainsi que des centaines de groupes armés congolais, des supplétifs des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, le Gouvernement a ouvert la voie à la régionalisation du conflit », a-t-il déclaré.

Kabila a réaffirmé son opposition à la présence de forces étrangères sur le sol congolais, saluant « la décision sage, des pays de la SADC, de retirer les troupes de la SAMIDRC ».