Le Réseau panafricain de lutte contre la corruption (UNIS), membre de la structure « le Congo n’est pas à vendre » (CNPV), a rendu public, ce lundi 24 février 2025, son rapport sur la réduction du train de vie des institutions politiques en République démocratique du Congo. Dans son rapport, l’Unis déplore le manque criant d’une réelle volonté politique pour la mise en œuvre de cette mesure tant annoncée.
Pourtant, en 2024, le gouvernement congolais avait, d’ailleurs, adopté la question comme pilier de son programme, et l’avait présenté au parlement pour validation. La Première Ministre Judith Suminwa avait, de ce fait, promis de « rendre la gestion des finances publiques transparente, efficiente et redevable ; et relancer des réflexions sur l’harmonisation du système des rémunérations des agents publics ».
Le 28 juin 2024, lors du conseil des ministres, le Président Félix Tshisekedi a rappelé la question.
« Il n’existe pas toujours une réelle volonté politique pour stopper l’hémorragie financière, dont souffrent les caisses de l’Etat dans la couverture des dépenses des institutions politiques et de leurs animateurs », déplore UNIS, tout en indiquant qu’en conséquence, « le mode de vie luxueux des institutions politiques et de l’élite contraste avec le vécu quotidien des citoyens congolais », qui vit avec moins de deux dollars américains par jour.
UNIS rapporte également que les institutions politiques surconsomment la caisse de l’Etat en défaveur de l’investissement et du bien-être social de la population congolaise. Au premier semestre de l’exercice budgétaire 2024, les ministères ont surconsommé leur fonds spécial d’intervention au-delà du crédit voté au parlement, soit 112 281 627 USD, tandis que les institutions en ont consommé 76,30 %, soit 176 146 292 USD, par rapport à leurs prévisions initiales.
Il faut rappeler que cette observation n'est pas la première en RDC. Le Centre de recherche en finances publiques et développement local (Crefdl), a, par exemple, proposé, au début février, à la Première ministre des coupes budgétaires pour capter des fonds supplémentaires et financer l'armée. L'exercice devrait porter sur les dépenses des indemnités kilométriques, du fonds spécial d’intervention, des frais de voyages, des rémunérations du personnel politique pour capter 1 milliard de USD.
De son côté, l’Observatoire de dépenses publiques (ODEP) avait aussi indiqué qu’en 2022, les recettes additionnelles identifiées d’environ 2,9 milliards USD dans le cadre du collectif budgétaire, ont été à plus de 80% affectées aux fonctionnements et rémunérations des institutions : Présidence (72,3 millions $) ; Primature (9,5 millions $) ; Assemblée nationale (27,5 millions $); Sénat (24,9 millions $).
Les voies se sont levées aussi dans l’opposition. Le député national Delly Sesanga, par exemple, autorité morale du parti « Envol » avait suggéré en 2021, les coupes des émoluments des députés nationaux à hauteur de 30% pour financer les investissements publics.
A la dernière nouvelle, le ministère du Budget a commencé le travail de coupes budgétaires et un collectif budgétaire sera déposé au Parlement à la session de Mars pour répondre à cet impératif de la baisse du train de vie des institutions.
Jean-Baptiste Leni