Face à la montée des tensions et aux menaces de troubles ciblant les paroisses catholiques à Kinshasa, plusieurs autorités congolaises, dont le gouverneur de la capitale, la police, l’Église catholique et des responsables politiques, appellent au calme et à la retenue.
Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, a exhorté vendredi les habitants à « ne pas céder à l’intox » et à continuer leurs activités normalement, notamment en se rendant aux lieux de culte. Dans une déclaration diffusée sur la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), il a rappelé que l’interdiction des manifestations publiques, en vigueur depuis le 28 janvier, restait d’actualité. « Je rappelle que le communiqué suspendant les manifestations publiques est encore de mise. Toute personne qui ira à l'encontre de cette mesure sera maîtrisée par les forces de l’ordre, prêtes à prévenir tout vandalisme et trouble à l’ordre public », a-t-il averti.
Déploiement sécuritaire autour des paroisses
Le commandant de la police de Kinshasa, le commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba, a annoncé le déploiement préventif des forces de l’ordre dans chaque paroisse catholique ce dimanche 16 février, avant, pendant et après les offices religieux, afin d’éviter tout incident.
Menaces relayées sur les réseaux sociaux
Depuis plusieurs jours, des appels à s’attaquer aux paroisses catholiques ont circulé sur les réseaux sociaux, relayés par certains militants se réclamant du parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Ces menaces surviennent après la rencontre de prêtres catholiques avec Corneille Nangaa et Paul Kagame, une initiative visant à engager le dialogue entre les parties prenantes au conflit dans l’Est du pays.
Appels au calme des autorités et de l’Église
Le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Claude Tshilumbayi, a également lancé un appel à la retenue et condamné les menaces contre les lieux de culte.
De son côté, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a exhorté les fidèles à la prudence, à la vigilance et à la protection des infrastructures ecclésiastiques, tout en les encourageant à assister normalement à la messe dominicale. « Vivre votre foi en toute liberté et sérénité est un droit inaliénable garanti par la Constitution congolaise », a rappelé l’archidiocèse de Kinshasa dans un communiqué.
L’Église catholique invite ainsi ses fidèles à ne pas céder aux intimidations, soulignant que la République démocratique du Congo a davantage besoin de paix, d’unité et de cohésion nationale.
Mise en garde de l’ambassade américaine
Dans ce climat de tension, l’ambassade des États-Unis à Kinshasa a alerté ses ressortissants, leur recommandant de « faire profil bas et limiter leurs déplacements » en raison de risques de troubles visant des églises à Kinshasa et dans d’autres grandes villes du pays.
Un contexte sécuritaire tendu
Ces tensions surviennent alors que la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC s’aggrave. Après la progression de l’AFC/M23 au Sud-Kivu, les rebelles ont atteint Bukavu, où des affrontements sporadiques et des pillages ont été signalés.
En janvier dernier, après l’annonce de la prise de Goma par les rebelles, plusieurs manifestations spontanées avaient éclaté à Kinshasa, entraînant des attaques contre plusieurs ambassades, dont celle des États-Unis, par des manifestants en colère.
Dans ce contexte, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a tenu une réunion vendredi avec les responsables des parlements debout, communicateurs, leaders des motocyclistes affiliés au parti et d’autres structures informelles, appelant ses partisans à éviter toute déclaration ou action non contrôlée par le parti.
« Ne participez pas à des marches que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir encadrer », a-t-il averti, cherchant ainsi à prévenir tout débordement.