La rencontre de Goma entre la délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) a donné lieu à plusieurs interprétations dans l’opinion nationale. Ces deux confessions religieuses qui consultent les différents acteurs de la classe socio-politique congolaise en prévision d’un forum sur la paix et la cohésion, l’unité nationale afin de résoudre la crise sécuritaire qui déchire l’est du pays depuis des décennies. Mais cette initiative divise les congolais.
Tout avait l’air de bien aller lors des premières consultations des politiques à Kinshasa, au nombre desquels, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, celui du Sénat, Sama Lukonde, les opposants Martin Fayulu et Delly Sesanga. Des critiques ont surgi mercredi lorsque les responsables d’églises sont apparus à Goma, ville occupée par les rebelles de AFC/M23, afin de prendre contact avec ces derniers, à travers leur chef politique Corneille Nangaa.
Si certains comprennent le sens de la démarche de ces deux entités religieuses, d’autres par contre s’illustrent par des critiques négatives estimant qu’ils ne devaient pas consulter les membres de la rébellion. Ils avancent entre autres comme argument, le soutien du Rwanda à ces rebelles. Certains vont même jusqu’à évoquer “mission subversive” et pensent que les services de sécurité devaient s’occuper des membres de la délégation CENCO-ECC.
"Nous sommes venus sensibiliser ceux qui nous ont bien accueillis. Nous sommes d'accord avec eux qu'on peut s'engager à trouver une solution pacifique le plus tôt possible pour que la guerre s'arrête", a déclaré Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO à l'issue de l'entretien avec Corneille Nangaa et son équipe de AFC/M23.
Le prélat va plus loin, affirmant que même le Président de la République était préalablement informé de cette mission “qu'il n'avait pas à nous interdire”.
"Lors de notre rencontre avec le Chef de l'État, nous lui avons dit clairement que nous rencontrerons même nos compatriotes qui sont dans AFC/M23. Il ne nous a pas interdit et il n'avait pas à nous interdire parce qu'il a compris que c'est une démarche pastorale qui n'exclut personne", a précisé Donatien Nshole.
La plupart des critiques en rapport avec ce voyage de Goma se déroulent sur les réseaux sociaux. Certains vont même qualifier les membres de la délégation CENCO-ECC des “pro rwandais”.
La famille politique du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi composée du parti présidentiel Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de la plateforme Union sacrée de la nation (USN) s’est officiellement opposé à l’initiative du couple CENCO-ECC qui n’a pas « voulu attendre la position finale du Garant de la nation ».
Les deux confessions religieuses elles, restent droites dans leurs bottes affirmant qu’elles vont poursuivre leur mission qualifiant "d'imbroglio" les positions de la mouvance présidentielle et rappellent que lors de leur rencontre avec Félix Tshisekedi, ce dernier avait salué et encouragé leur initiative.
Yvonne Kapinga et Clément MUAMBA