L'occupation de la ville de Goma chef-lieu de la province du Nord-Kivu par la coalition M23-AFC-RDF ne cesse de susciter des réactions dans l'environnement sociopolitique congolais. D'intenses combats entre ce mouvement politico-militaire proche de Kigali et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo ont laissé des rues jonchées de cadavres à Goma, renforçant son expansion dans la province du Nord-Kivu.
Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu, province qu'il a gérée pendant 12 ans avec des guerres similaires à répétition, se montre abasourdi au regard du drame humanitaire causé par cette situation. L'actuel ministre du Commerce Extérieur qui pointe le Rwanda comme instigateur de ces événements, se demande jusqu'où veut aller Paul Kagame en versant le sang des congolais avec le prétexte des FDLR.
"Le sang des congolais que verse le Président rwandais pour rebondir sur la scène internationale au motif de rechercher les FDLR (Forces démocratique pour la libération du Rwanda) doit crier vengeance. Maintenant que l'armée rwandaise est à Rutshuru, Masisi, Nyiragongo depuis 2022, elle n'a toujours pas attrapé les moindres FDLR recherchés? Pendant la deuxième guerre, l'armée rwandaise a occupé l'Est de la RDC de 1998 à 2003, soit 5 ans sans interruption, au vu et au su de tout le monde. Depuis 2022, cela fait encore 3 ans d'occupation , soit 8 ans cumulés d'occupation rwandaise. Pendant tout ce temps, le Rwanda n'a toujours pas attrapé les moindres FDLR dans un petit espace de moins de 10.000km²? Pourquoi le monde entier se fait rouler par un homme (Paul Kagame) qui verse continuellement le sang à la dimension d'un fleuve sans qu'aucune âme ne soit sensible? 10 millions de morts, ce n'est pas assez? Plus de 500 mille femmes violées, ce n'est toujours pas interpellateur?", s'est-il interrogé au cours d'une interview à la presse jeudi 30 janvier.
Julien Paluku Kahongya accuse l’armée rwandaise d’avoir opéré un “carnage” lors de la bataille de Goma du 26 au 30 janvier conduisant le M23 et les milliers de militaires rwandais entrés dans la capitale provinciale du Nord-Kivu.
"Les points d'entrée étaient la frontière rwandaise aux bornes 11,12 et 13 puis par la petite barrière. A cet effet, des massacres sélectifs ont été organisés par l'armée rwandaise dans la ville de Goma comme ce fut le cas de l'épuration ethnique lors des massacres de KISHISHE, RUGARI, NTAMUGENGA, JOMBA, TONGO, Kitshanga, Kibirizi, Nyanzale, Kishishe, Rugari, Ntamugenga, Tong, Jomba et ailleurs dans les zones occupées. Aussi, des militaires congolais qui avaient des drapeaux blancs au port de Kituku et ailleurs dans la ville de Goma ont été tous massacrés les 27, 28 et 29 janvier 2025 par l'armée rwandaise en violation du droit international et du droit de la guerre", a expliqué Julien Paluku qui exige une enquête internationale.
Guerre économique qui ne dit pas son nom sous l'oeil impuissant de la communauté internationale
Pour Julien Paluku Kahongya, le monde doit retenir que le Rwanda veut poursuivre le pillage des minerais congolais (minerais du trois T et l'or). À l'en croire, le régime de Kigali poursuit le pillage dans le Nord et Sud-Kivu à travers différents sites miniers connus: Rubaya, Numbi, Lueshe/Somikivu.
"Il suffit de voir actuellement l'explosion des statistiques d'exportation des minerais dits rwandais vers l'occident pour vous en rendre compte. Et malheureusement les acheteurs finaux ne se rendent toujours pas compte qu'ils alimentent les conflits en RDC en contribuant aux minerais du sang. Kagama qui dit avoir stoppé le génocide au Rwanda en 1994 fait pire en RDC sous le silence international qui ne prend aucune mesure pour stopper le drame auquel s'ajoute une crise humanitaire sans précédent. Plus de 5 millions de personnes sont en errance au Nord et Sud-Kivu et cela n'inquiète ni ne semble préoccuper personne. Lorsque l'armée Rwandaise a abattu les hélicoptères de Nations Unies, tué une dizaine de soldats de la paix, coupé l'eau et l'électricité à plus d'un million de personnes, bombardé des camps de déplacés vulnérables sans défense aucune, bombardé des hôpitaux dont Charité Maternelle à Goma, cela ne suffit toujours pas aux yeux de la communauté internationale aux fins de se saisir du dossier Kagame?", s'est-il interrogé une fois de plus.
M. Paluku Kahongya a interpellé l’ONU: "l'impuissance des Nations Unies face à cette cruauté humaine et ce désastre humanitaire remettra en cause la construction de la paix dans le monde".
Après la chute de Goma, Kinshasa ambitionne de se réorganiser en vue de vouloir reconquérir les zones sous contrôle de la coalition M23-AFC-RDF. Dans son adresse à la nation, Félix Tshisekedi a annoncé l'élaboration d'un plan de riposte vigoureuse et précise que la nomination du gouverneur militaire du Nord-Kivu a pour objectif de réorganiser les opérations militaires sur terrain.
Clément MUAMBA