RDC : comment prévenir le stress post-traumatique chez les acteurs humanitaires en période de crise ?

Photo/ droits tiers
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La situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC, marquée par des violences répétées, des déplacements massifs et une précarité extrême, laisse de nombreuses femmes et enfants dans un état de vulnérabilité profonde. Ces populations sont souvent victimes de violences sexuelles, de traumatismes physiques et psychologiques, qui laissent des cicatrices durables. 

Les acteurs humanitaires et bénévoles se trouvent en première ligne pour apporter soins et soutien aux survivants, mais leur propre santé mentale est souvent mise à rude épreuve, souligne Arnold Konde, psychothérapeute, qui insiste sur l'importance d'un suivi psychologique pour ces intervenants : "Ces acteurs font face à des situations émotionnellement épuisantes. Ils doivent constamment gérer des récits de violences terribles, ce qui peut entraîner un stress post-traumatique. Sans un soutien adéquat, ils risquent d’être eux-mêmes affectés, ce qui compromet leur capacité à aider efficacement", a-t-il déclaré au Desk Femme d'Actualité.cd.
Selon le psychologue, le stress post-traumatique peut se manifester sous diverses formes chez les intervenants humanitaires, notamment l'épuisement émotionnel, l'anxiété, les troubles du sommeil et des symptômes de dissociation. ”En raison de leur exposition continue aux récits de souffrance, ces professionnels peuvent vivre des symptômes similaires à ceux des victimes qu'ils accompagnent. Cela crée un cercle vicieux où les intervenants, surmenés et émotionnellement épuisés, peuvent perdre de leur efficacité et devenir eux-mêmes des victimes collatérales de la crise”, explique-t-il. Il prévient que sans prendre soin de leur propre santé mentale, ces acteurs risquent de vivre un épuisement émotionnel qui, à long terme, nuira à la qualité du soutien qu'ils apportent.

Des solutions pour briser le cycle

Pour remédier à cette situation, Arnold Konde met l'accent sur le soutien psychologique, la formation continue et la mise en place de réseaux de solidarité entre collègues:

(i) Les ONG et organisations humanitaires, en collaboration avec des psychologues spécialisés, doivent désormais proposer des séances de soutien psychologique et de gestion du stress. Ces espaces permettent aux intervenants de partager leurs émotions, d'apprendre des techniques de relaxation, de renforcer leur résilience et de mieux gérer leurs réactions émotionnelles face aux traumatismes observés.
(ii) selon le psy, une supervision clinique régulière peut jouer un rôle clé dans la gestion du stress post-traumatique des travailleurs sociaux. ”Cela permet de traiter les symptômes avant qu'ils ne deviennent graves et de garantir que les intervenants se sentent soutenus dans leur travail”, a-t-il expliqué.
(iii) Au-delà du soutien psychologique direct, Arnold Konde souligne que la formation à la gestion du stress et aux premiers secours psychologiques constitue une autre mesure essentielle pour préparer les acteurs sociaux à faire face aux traumatismes. ”Les formations dispensées à ces acteurs les aident à identifier les signes de stress chez eux-mêmes et leurs collègues, à éviter le burn-out et à maintenir une approche professionnelle face à la souffrance des autres. Une fois formés à la gestion du stress, ils pourront mieux intervenir auprès des femmes et des enfants déplacés, en créant un environnement plus stable et sécurisé, tout en prenant soin d’eux-mêmes”. 
La prévention du stress post-traumatique parmi les intervenants devient donc une stratégie non seulement pour leur bien-être, mais aussi pour l’efficacité de l’intervention humanitaire, a-t-il conclu.


Nancy Clémence Tshimueneka