Kinshasa : la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante célébrée avec "Conscience culturelle et la Rumba pour la paix"

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Célébration de la journée de la culture africaine à Kinshasa

La République démocratique du Congo (RDC) a célébré en grande pompe ce vendredi 24 janvier la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante (JMCA). À cette occasion, le Ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine a organisé dans la matinée une série d’activités marquantes, avec comme point d’orgue une journée de réflexion tenue dans la salle de conférence du nouvel Institut National des Arts (INA) à Kinshasa.

Cette journée, placée sous le thème "Conscience culturelle, Rumba pour la paix", a permis d’approfondir les discussions sur le rôle de la culture comme vecteur de paix et de développement. La ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe Ma Ndembo a profité dans cette même logique pour glisser un message de paix particulièrement à la population de l’Est de la RDC, victime de l’insécurité causée par des attaques armées des rebelles du M23 soutenus le Rwanda. « Nous ne cesserons de saisir chaque tribune pour dénoncer l'inacceptable, plaider pour la paix à l'Est de notre pays et soutenir nos compatriotes meurtris par des conflits inhumains », a-t-elle dit, alors que mourait le général major Peter Cirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu après un incident près de la ligne de front entre Goma et Saké. 

Au niveau international, le thème choisi pour cette année est : "Préserver et promouvoir les héritages ancestraux : un élan de fraternité intergénérationnelle". À cette occasion, Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO a déclaré qu’en « cette Journée mondiale, ce n’est pas une seule culture, mais des cultures, riches de leur diversité, que nous célébrons. Ce sont aussi des artistes de tous les pays et de toutes les disciplines que nous mettons à l’honneur, dans des champs aussi nombreux que le cinéma, la musique, la danse, la mode et le design, autant d’industries créatives qui font vivre les artistes, pour œuvrer à la renaissance culturelle africaine ». 

La célébration a débuté par un moment solennel : la signature d’un protocole d’accord entre le Ministère de la Culture, Arts et Patrimoine Yolande Elebe Ma Ndombe et le Comité international Ota Benga. Ce partenariat marque la création prochaine d’un mémorial national dédié à Ota Benga, figure symbolique de la lutte contre l’oppression et l’esclavage. Ce projet vise à préserver la mémoire collective et à éduquer les générations futures sur les luttes et les résiliences des populations africaines.

La Rumba congolaise, au cœur des discussions

Lors de cette journée de réflexion au nouvel INA, la Rumba congolaise, reconnue le 14 décembre 2021 par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, a été mise à l’honneur. Conférenciers, artistes et acteurs culturels ont partagé leurs réflexions sur l’importance de cette musique dans la promotion de la paix et le renforcement de l’identité culturelle africaine.

« La Rumba congolaise est plus qu’une musique, c’est un langage de paix, un trait d’union entre les générations et les communautés », a déclaré le professeur Lye M. Yoka. 

Et d’ajouter :

« Cette journée est consacrée à la Culture africaine, et on ne peut pas parler de la Culture africaine sans faire allusion à l’histoire lointaine de l’Afrique, l’histoire des afro descendants. C’est à dire l’histoire de nos ancêtres qui ont été déportés dans les Amériques sous forme d’esclaves. Et c’est pendant ces moments d’esclavagisme qu’est née la Rumba. La rumba est née de la souffrance. La rumba est née de la résistance à la souffrance ». 

La Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante, proclamée en 2019 par l’UNESCO, est célébrée chaque année le 24 janvier. Elle coïncide avec l’adoption, en 2006, de la Charte de la renaissance culturelle africaine par l’Union africaine. Le patrimoine afrodescendant s'étend au-delà des frontières du continent africain. En Amérique latine et dans les Caraïbes, il existe plusieurs éléments inscrits sur les Listes de la Convention de 2003 dont les praticiens et les porteurs sont des descendants de la diaspora africaine. Cette journée met en lumière l’importance de préserver et de promouvoir les patrimoines culturels africains et ceux des diasporas, tout en soulignant leur rôle dans le développement durable, la paix et la fraternité interculturelle.

Un enjeu stratégique pour la RDC et l’Afrique

Pour la RDC, cette journée revêt une importance particulière. En tant que creuset des cultures africaines, le pays ambitionne de jouer un rôle de premier plan dans la préservation et la promotion des héritages ancestraux.

« La culture n’est pas seulement un héritage, elle est un levier puissant pour bâtir l’avenir. En valorisant notre patrimoine, nous contribuons à la paix, au dialogue et au développement durable », a affirmé un représentant du Ministère de la Culture.

Cette célébration a aussi permis de sensibiliser sur l’importance de la ratification et de la mise en œuvre de la Charte de la renaissance culturelle africaine par les États africains, afin de renforcer la coopération culturelle sur le continent. En parallèle, des expressions artistiques variées, allant de la musique au cinéma en passant par la mode, ont été présentées pour illustrer la richesse et la diversité des cultures africaines et afro-descendantes.

La journée s’est conclue par un vibrant appel à la jeunesse : préserver, transmettre et célébrer le patrimoine vivant africain. Un message fort, rappelant que la culture est au cœur de l’identité collective et qu’elle constitue un outil incontournable pour construire un avenir pacifique et prospère.

Ainsi, la célébration de cette journée à l’INA, empreinte de symbolisme et de réflexion, s’inscrit dans une dynamique régionale et internationale pour faire de la culture africaine et afro-descendante un levier majeur de transformation sociale et économique.

James M. Mutuba