L'effervescence des fêtes de fin d'année envahit progressivement les rues de Kinshasa. Pourtant, tout n'est pas au rendez-vous. Dans les marchés, les préparatifs peinent à prendre leur rythme habituel, en raison de l'inflation galopante qui gangrène le pouvoir d'achat des Kinois.
Les étals sont pourtant bien garnis de produits festifs : tissus colorés, denrées alimentaires, décorations scintillantes. Les commerçantes s'affairent, tentant de satisfaire la demande. Cependant, l'enthousiasme est terni par une inquiétude palpable. "Les prix ont doublé, voire triplé par rapport à l'année dernière", confie Sarah Isoto, vendeuse de tissus depuis plus de cinq ans. "Les clients sont de plus en plus réticents à dépenser et cherchent à négocier à tout prix."
Cette inflation a un impact direct sur le budget des ménages congolais. Pour Marina Kabanga, mère de trois enfants, les fêtes de fin d'année sont devenues une source de stress. "Je dois acheter des vêtements pour mes enfants, des cadeaux, préparer un grand repas... C'est de plus en plus difficile de tout concilier avec un salaire qui n'évolue pas en même temps que les prix", explique-t-elle.
Les femmes, souvent responsables des achats pour le foyer, sont en première ligne face à cette hausse des prix. Elles se retrouvent contraintes de faire des choix difficiles, privilégiant les produits de première nécessité au détriment des dépenses superflues. "Avant, je pouvais acheter deux ou trois poulets pour le réveillon. Cette année, je vais devoir me contenter d'un seul, voire de quelques morceaux seulement", regrette Geneviève Wali, une autre cliente du marché.
Face à cette situation, les kinoises développent diverses stratégies pour faire face à la crise. Certaines achètent en plus petites quantités, d'autres privilégient les produits locaux, moins chers, tandis que d'autres se regroupent pour acheter en gros et bénéficier de prix plus avantageux. "Nous essayons de nous entraider et de partager nos astuces pour faire des économies", explique Ruphine Biata, mère de cinq enfants. "Mais ce n'est pas toujours facile."
Ces femmes appellent les autorités congolaises à prendre des mesures concrètes pour atténuer l'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat des ménages. "Le gouvernement pourrait, par exemple, mettre en place des contrôles de prix, soutenir la production locale ou encore renforcer les mécanismes de protection sociale", suggère Ruphine.
Nancy Clémence Tshimueneka