Tripartite Angola-RDC-Rwanda: "Une opportunité de marquer des progrès significatifs dans la stabilisation de l’est de la RDC et de la région" (Bintou Keita)

Illustration. Ph. ACTUALITE.CD.

Un sommet tripartite Angola-Rwanda-RDC se tiendra à Luanda ce dimanche 15 décembre 2024, sous l'égide du président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço, médiateur désigné par l'Union africaine pour le conflit dans l'Est de la RDC. Ce sommet réunira les présidents Félix Tshisekedi de la RDC, Paul Kagame du Rwanda, et leur homologue angolais, afin d'accélérer les efforts de stabilisation dans cette région en proie aux violences.

C'est dans ce cadre qu'à l'occasion de la présentation du rapport de la mission onusienne en RDC devant le Conseil de sécurité de l’ONU ce lundi à New-York, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, a réitéré la volonté de l’ONU de poursuivre l’appui au processus de paix en RDC.

"L’Angola, dont je salue la présence du Représentant Permanent Adjoint auprès des Nations Unies, son Excellence Monsieur Mateus Luemba, a annoncé un sommet avec les Chefs d’Etat de la RDC et du Rwanda, le 15 décembre, à Luanda, une opportunité de marquer des progrès significatifs dans la stabilisation de l’est de la RDC et de la région. Je félicite la médiation angolaise pour ses efforts inlassables et réitère la pleine disponibilité des Nations Unies à poursuivre son appui", a déclaré Bintou Keita.

Occasion pour la cheffe de la Monusco de saluer les avancées enregistrées dans la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda. À titre indicatif, elle est revenue notamment sur le mécanisme de vérification ad-hoc renforcé (MVA-R) du processus de Luanda lancé officiellement le mardi, 5 novembre à Goma (Nord-Kivu), entre la RDC et le Rwanda. C'était en présence de la ministre congolaise des affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner et de son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, sous la médiation du chef de la diplomatie angolaise, Téte Antônio.

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La Représentante du SG de l'ONU en RDC à également évoqué le protocole d’accord de Luanda sur le Mécanisme de vérification ad hoc renforcé (MVA-R) signé avec le Ministre angolais des Relations extérieures, Téte António visant à renforcer le soutien de la MONUSCO au Mécanisme de vérification ad hoc renforcé (MVA-R). Ce mécanisme, lancé à Goma le 5 novembre, s’inscrit dans le cadre du cessez-le-feu en vigueur depuis le 4 août 2024 et prévoit un partage d’informations et des rapports de terrain.

Le M23 non-signataire du cessez-le-feu

En dépit de nombreux efforts, la cheffe de la Monusco reconnaît que la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Ce, du fait que le cessez-le-feu signé en août dernier à Luanda par les parties congolaise et rwandaise n’a pas été paraphé par le M23. 

"Le M23, non-signataire de l’accord de cessez-le-feu, a consolidé son occupation civile et militaire au Nord-Kivu. Aujourd’hui, il contrôle de vastes zones dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Walikale, Nyiragongo et Lubero, un espace deux fois plus large que celui occupé en 2012", a fait remarquer la numéro Un de l'ONU en République Démocratique du Congo.

Afin de mieux protéger les civils, Bintou Keita a indiqué que la Force de la MONUSCO doit avoir une liberté de mouvement et des manœuvres.

"Je demande à tous les acteurs sécuritaires présents dans l'est de la RDC de maintenir une coordination et une coopération actives et constructives avec la MONUSCO. Également, au Nord-Kivu, pour la sûreté et la sécurité des civils et des casques bleus, les activités de « spoofing » et de brouillage GPS doivent immédiatement cesser. Trop souvent encore, la carte des violences s’aligne sur celle des ressources naturelles. Au Nord-Kivu, à la suite de son offensive vers Pinga fin octobre, le M23 a pris le contrôle du site aurifère de Lubira. J’encourage les pays de la région des Grands Lacs à coordonner leur lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles, et à renforcer les mécanismes de traçabilité pour affaiblir les groupes armés", a recommandé Bintou Keita, cheffe de la Monusco.

Ce sommet tripartite de Luanda intervient après une avancée majeure réalisée le 25 novembre dernier, lorsque les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda ont signé à Luanda un "Concept d’opérations" (CONOPS). Ce document stratégique, approuvé lors de la sixième réunion ministérielle sous la médiation angolaise, fixe les modalités des actions contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et du retrait progressif des forces rwandaises présentes en territoire congolais.

Le CONOPS prévoit une mise en œuvre en quatre étapes. La première phase, prévue sur quinze jours, consistera à évaluer la menace posée par les FDLR et à localiser leurs positions. Parallèlement, le Rwanda devra fournir des informations détaillées sur ses "mesures défensives" et s’engager à cesser toute incursion transfrontalière.

La deuxième phase vise des actions ciblées pour neutraliser les FDLR et leurs alliés, suivies d’une évaluation conjointe des progrès réalisés. Ensuite, une troisième phase portera sur une revue des opérations afin d’évaluer leur efficacité. Enfin, la quatrième étape sera consacrée à la stabilisation, avec la démobilisation, le rapatriement et la réintégration des ex-combattants FDLR, ainsi que la normalisation des relations bilatérales entre Kinshasa et Kigali.

Clément Muamba