De nouveaux accrochages opposent depuis tôt le matin de ce samedi 30 novembre les éléments de la coalition M23/RDF aux combattants locaux « Wazalendo » à Tongo et Kihondo, deux de sept groupements de la chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Selon les sources locales, les éléments de la coalition M23/RDF ont lancé simultanément des attaques contre des positions des groupes armés locaux à Kanyangiri (groupement de Tongo) et à Kiringa (groupement de Kihondo). Des fortes détonations en armés lourde et légères se font entendre dans ces milieux qui regorgent encore un nombre important des cultivateurs.
« Dans la contrée de Kanyangiri, dans le groupement de Tongo, dans un endroit renommé Ngazi, il y a des affrontements qui opposent le M23 aux groupes armés qui étaient là. Au niveau de Kiringa, il y a aussi des affrontements qui sont signalés ce matin. Le M23 est allé attaquer un groupe armé qui reste dans la contrée. Nous craignons, dans tout cela, que la population civile soit prise pour cible, que ça soit à Kanyangiri ou à Kiringa. Il y a beaucoup des civils qui cultivent leurs champs là bas. Nous craignons pour leur sécurité » dit à ACTUALITE.CD Isaac Kibira, fonctionnaire délégué du fonctionnaire délégué du Gouverneur dans la chefferie de Bwito.
Plusieurs sources dénoncent par ailleurs l’obligation par les rebelles du M23 à tous les jeunes de l’agglomération Nyanzale, toujours dans la chefferie de Bwito, de prendre part aux patrouilles nocturnes, aux côtés des forces d’autodéfense instaurées par l’administration parallèle déjà installée par la rébellion. Craignant d’être considérés comme « boucliers humains », plusieurs jeunes vident clandestinement la cité, de peur d’être recrutés par force par les rebelles du M23.
« À Nyanzale, les éléments du M23 ont fait appel aux civils, c'était le mercredi 27 novembre en présence des autorités qu'ils ont déjà installées dans cette agglomération avec leur force d'autodéfense. Au cours d'un meeting, ils ont demandé aux jeunes de Nyanzale, quartier par quartier de pouvoir mener des patrouilles mixtes avec leurs forces d'autodéfense. Ce qui constitue un danger pour les civils. Les jeunes préfèrent sortir clandestinement de cette entité pour se retrouver ailleurs. Nous estimons que cela constitue une violation grave du droit international humanitaire parce qu'ils veulent exposer les civils aux porteurs d'armes pendant la nuit. Imaginez-vous, avec des incursions nocturnes des Wazalendo qui sont en train d'endeuiller le M23 dans cette entité et ses environs, ces Wazalendo risqueront de s'affronter avec les patrouilleurs qui sont accompagnés avec ces autodéfenses qui peuvent tirer dans tous les sens et constituer un danger pour la sécurité des civils » alerte un notable de la région qui a requis l’anonymat.
Plusieurs sources contactées par ACTUALITE.CD alerte sur des cas avérés des massacres des civils dans des zones occupées par le M23 dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Lubero, Nyiragongo et Walikale. Plus de vingt civils ont été tués, depuis début octobre 2024, par les terroristes du M23/RDF à Kiseguro et à Katwiguru, dans la chefferie de Bwisha, (dans le territoire de Rutshuru), alerte Badilika, une ONG de défense des droits de l’homme œuvrant à Rutshuru. Selon son coordonnateur, Patrick Nguka, les victimes sont des cultivateurs rencontrés dans leurs champs. Il précise que les rebelles du M23/RDF ont, une fois de plus, interdit les habitants de la zone à accéder à leurs champs, dans le but de faire disparaître des traces sur des cas de violation du droit international humanitaire.
Dans l'entre-temps, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, poursuivent leur expansion dans la province du Nord-Kivu. Après Masisi, Rutshuru, Nyiragongo et Lubero, les rebelles du M23 sont désormais présents dans le territoire de Walikale. Malgré les appels au retrait et au cessez-le-feu de la communauté internationale et des organisations régionales, la situation demeure inchangée, et les rebelles du M23 maintiennent leurs positions.
Jonathan Kombi, à Goma