Réuni à Kalemie, chef-lieu de la province de Tanganyika dans le cadre de la 11ᵉ Conférence des gouverneurs, le collectif des gouverneurs de provinces en RDC a exprimé mercredi 27 novembre un soutien unanime au projet de changement de la Constitution. Dans une motion lue par Fifi Masuka du Lualaba et adressée au président Félix Tshisekedi, les gouverneurs ont souligné que la Constitution actuelle présente des "faiblesses" nécessitant une réforme qu'ils qualifient de "légitime et salvatrice". Ils ont également invité la population congolaise à soutenir cette initiative.
Interrogé sur cette démarche où si le cadre était indiqué pour faire une telle déclaration sur le soutien au changement de la constitution, Jacquemain Shabani, VPM, ministre de l'intérieur et Rapporteur de la Conférence présent au briefing presse conjoint avec son collègue de la communication et Christian Kitungwa, gouverneur de Tanganyika, ne voit pas d'un mauvais œil la démarche entreprise par les gouverneurs.
« De principe de telles activités que ça soit au niveau national même dans les organisations de la société civile mais aussi au niveau international, il y a toujours une phase où il y a une motion particulière des participants qui vont dans une direction donnée selon la thématique de la conférence où même l'actualité. Ici, si vous faites bien attention cette motion est revenue sur plusieurs faits en soutien au Président de la République par rapport à son action, ils l'ont soutenu par rapport à son action sur la défense de l'intégrité national, je crois que c'est aussi un fait qu'il ne faut pas négliger, Ils l'ont soutenu par rapport à sa gouvernance aussi », s'est défendu Jacquemain Shabani dans sa réaction.
Autre raison évoquée par Shabani pour soutenir son argumentaire, c'est l'actualité politique du pays qui selon lui reste dominée par la problématique de la révision où du changement de la constitution.
« Mais l'actualité national retient aussi la problématique du débat sur la révision de la Constitution donc ce sont des citoyens congolais qui ont des responsabilités dans la gestion de la République et à leur niveau ils ont estimé, il faut discuter avec les gouverneurs des provinces ils vous diront qu'eux mêmes selon aussi les attributions qui sont les leurs, le rôle qu'ils jouent eux-mêmes en tant que gouverneur des provinces dans la gestion de la République, de la chose publique, ils estiment à leur niveau selon leurs fonctions, selon leurs attributions, selon les réalités qu'ils vivent au quotidien les difficultés auxquelles ils sont confrontés », a indiqué le chef de la territoriale Jacquemain Shabani.
Il a poursuivi :
« Ils ont aussi et je crois que le jour où si on a bien suivi leur déclaration, le jour où le Chef de l'État mettra en place la Commission multidisciplinaire qui va réfléchir au bénéfice du souverain primaire sur cette problématique de révision on parle maintenant de changement de la Constitution je suis convaincu que les gouverneurs, les territoriaux viendront aussi avec leurs observations et leurs desideratas parce-qu'ils ont constaté au jour le jour, au fur et à mesure de leur travail ils sont face à des difficultés dues aux textes, lois, Constitution de la République à laquelle ils aspirent à un certain changement et ça c'est légitime ».
Cette démarche du régime Tshisekedi a néanmoins suscité de vives oppositions. Le 18 novembre 2024, des figures politiques telles que Delly Sesanga et Jean-Claude Katende ont appelé à une mobilisation contre ce qu’ils considèrent comme des "manœuvres antidémocratiques". L’opposant Martin Fayulu, quant à lui, a réaffirmé son engagement à faire barrage à tout projet de révision ou de changement de la Constitution.
Lors d’une allocution à Lubumbashi le 16 novembre 2024, Félix Tshisekedi a défendu sa démarche, tout en dénonçant les discours qu’il a qualifiés de manipulateurs. "Il est nécessaire de réfléchir sur notre Constitution pour l’adapter aux besoins et réalités actuels du pays", avait-il déclaré.
Parallèlement, une polémique a émergé autour de l’interprétation de l’article 217 de la Constitution, certains acteurs politiques affirmant que la révision ou le changement envisagé enfreindrait les dispositions légales. Le mouvement citoyen LUCHA a également annoncé une série d’actions à travers le pays pour s’opposer au projet présidentiel, qu’il considère comme une tentative de maintenir Félix Tshisekedi au pouvoir au-delà des deux mandats constitutionnels.
Clément Muamba