RDC : Selon Bruno Lemarquis, l’an prochain, 21 millions de personnes seront dans les besoins, dont 11 millions seront ciblées par le plan de réponse humanitaire 2025

Le site de déplacé de Nyakabanda 1 à Kibati
Le site de déplacé de Nyakabanda 1 à Kibati

La détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire impacte négativement les populations congolaises dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Cette situation découle de l'activisme des groupes armés et de catastrophes naturelles.

En marge de la présentation du rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), Bruno Lemarquis, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires, a abordé les aspects liés à la réponse d'urgence.

"Nous avons ce matin, je remercie la flexibilité de son Excellence le Ministre d'État, Ministre de l'Agriculture, d’avoir reporté cette cérémonie, puisque ce matin, nous avions également la réunion du cadre national des concertations humanitaires, présidée par le VPM, Ministre de l'Intérieur, pour valider les chiffres de la réponse humanitaire de 2025, ce qui a été fait. Nous avons beaucoup parlé de la situation d'insécurité alimentaire. L’an prochain, 21 millions de personnes seront dans les besoins en RDC, et 11 millions seront ciblées par le plan de réponse humanitaire 2025, pour un montant à peu près équivalent à celui de cette année, soit 2,5 milliards USD. Ces réponses d'urgence sont vitales, et nous remercions les bailleurs de fonds ici présents pour toute l'assistance apportée. En 2024, le plus grand montant jamais mobilisé pour l’assistance humanitaire en RDC a atteint 1,23 milliard USD", a révélé Bruno Lemarquis lors de son intervention du jeudi 22 novembre 2024.

Selon le diplomate onusien, la situation sur le terrain devient de plus en plus alarmante.

"Aujourd'hui, comme vous le savez très bien, environ un quart de la population en RDC est affecté par l'insécurité alimentaire sévère, ce qui en fait le plus grand nombre dans le monde en chiffres absolus, bien que pas en pourcentage. Il y a également plus de 1,3 million d'enfants âgés de six mois à cinq ans qui souffrent de malnutrition aiguë sévère. Ces vulnérabilités résultent en partie des conflits, notamment dans l’Est, des déplacements de populations, mais aussi de déficits chroniques liés au retard dans la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable, y compris l’ODD 2, et à une pauvreté généralisée", a-t-il expliqué.

Au-delà des réponses d'urgence, l’urgence du développement

Bruno Lemarquis insiste sur la nécessité de privilégier les questions de développement :
"Au-delà des réponses d'urgence, il est absolument crucial d’avancer l’agenda du développement, d’investir dans la production locale, la résilience aux chocs, la prévention des désastres impactant la sécurité alimentaire, le système alimentaire et le développement durable. Nous devons nous attaquer aux causes de l'insécurité alimentaire et pas seulement répondre aux symptômes. Pour cela, l’ingrédient le plus important reste le leadership national et gouvernemental."

Analyse alarmante de l’IPC

Le 23ᵉ cycle d’analyse IPC de l’insécurité alimentaire aiguë (IAA) révèle qu’environ 25,6 millions de personnes en RDC connaissent des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 de l'IPC ou plus) pour la période de juillet à décembre 2024. Parmi elles, 22,4 millions sont en Crise (Phase 3) et 3,1 millions en Urgence (Phase 4).

Dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, sur un peu plus de 3,69 millions de personnes déplacées analysées, 2 millions se trouvent en situation d'insécurité alimentaire aiguë élevée, dont 702 000 en Urgence (Phase 4) et 1,3 million en Crise (Phase 3).

En outre, 29 zones urbaines ont été analysées, notamment Kinshasa, où 21 des 24 communes ont été classifiées. Les communes de la Gombe, Maluku et Makala n’ont pas été incluses faute de collecte de données.

Bruno Lemarquis conclut en appelant à une mobilisation collective : "La faim en RDC est une tragédie collective. Répondons-y ensemble pour bâtir un avenir meilleur, où chaque Congolais et chaque Congolaise aura accès à une alimentation adéquate et durable."

Clément MUAMBA