Le chef de l'État Félix Tshisekedi a procédé, ce samedi 16 novembre, au Palais du Peuple, à la clôture des états généraux de la justice. Lancés le 6 novembre au Centre financier de Kinshasa sous le thème "pourquoi la justice congolaise est-elle malade ? Quelle thérapie face à cette maladie ?", ces travaux avaient pour objectif d’identifier les maux, défis du système judiciaire et d’en proposer des solutions.
" Parmi les recommandations phares, j'ai retenu la révision des cadres législatifs pour garantir l'indépendance effective du pouvoir judiciaire, l'établissement des tribunaux itinérants pour favoriser un meilleur accès à la justice et la mise en place d'une politique de formation continue destinée aux magistrats. Un accent particulier a également été mis sur le renforcement de la lutte contre la corruption avec des sanctions exemplaires, l'amélioration des conditions de travail et des ressources logistiques permettant ainsi de garantir le prononcé de décisions de justice dans les délais légaux. Enfin, une digitalisation progressive a été recommandée pour accroître l'efficacité et la transparence de notre système judiciaire. Ces recommandations constituent la base solide sur laquelle nous devons bâtir les réformes indispensables ", s'est réjoui Félix Tshisekedi dans son discours de clôture en présence des personnalités politiques, judiciaires et membres du gouvernement.
Félix Tshisekedi a réaffirmé son engagement de tout mettre en œuvre pour accompagner la mise en œuvre "idoines" des recommandations issues de ces assises.
"Il n'est plus question de satisfaire des solutions superficielles, j'insiste, il nous faut des réformes courageuses, des mesures radicales qui transformeront nos institutions de manière durable et qui impacteront positivement le comportement. En tant que garant du bon fonctionnement des institutions et magistrat suprême, j'affirme mon engagement personnel à accompagner la mise en œuvre idoines des recommandations issues des états généraux de la justice. Cette volonté de réforme incarne une priorité nationale nécessitant une mobilisation sans faille", a souligné le Chef de l'État Félix Tshisekedi.
Il a poursuivi :
"Dans cette perspective, le gouvernement recevra des directives claires pour déployer les ressources matérielles et financières indispensables au succès des réformes préconisées afin de garantir des résultats concrets et durables pour notre nation. Je souhaite véritablement que chaque citoyen congolais où qu'il se trouve ressente le changement qui s'annonce dans notre système judiciaire. La justice est le socle de la stabilité de notre nation, le ciment de la paix sociale et le garant de notre unité nationale"
Par ailleurs, Félix Tshisekedi a salué l'accompagnement des différents partenaires de la RDC et tous ceux qui ont contribué à ces travaux. À en croire Félix Tshisekedi, ils viennent de poser les bases d'une nouvelle justice en RDC.
"En cet instant solennel, j'adresse un hommage sincère à nos partenaires internationaux pour leur soutien indéfectible ainsi qu'à toutes celles et ceux qui avec ardeur et détermination ont contribué à cette entreprise historique, ensemble, nous avons posé les bases d'une justice renouvelée et robuste. Bien que la tâche soit vaste, elle reste à notre portée par notre unité et notre volonté inébranlable. À vous mes chers compatriotes ici présents, le peuple congolais dans toute sa grandeur et sa résilience nous observe, il attend de nous des bons résultats et ne va plus tolérer des écarts. Nous avons tous une responsabilité sacrée envers notre nation et chacun ici à travers son rôle et ses compétences porte la charge et l'honneur de cette lourde mission" a interpellé Félix Tshisekedi.
Ces travaux interviennent 9 ans après les états généraux de 2015, organisés sous le règne du président Joseph Kabila Kabange par le ministre de la Justice et des Droits humains Alexis Thambwe Mwamba. Nonobstant l'ambition de réformer le secteur de la justice, plusieurs voix discordantes se sont élevées pour dénoncer la démarche du ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux.
Dans un communiqué daté du 11 novembre 2024, quatre syndicats de magistrats le (Synamac), Justice indépendante (Jusi), le Syndicat chrétien des magistrats au Congo (Sychremac) et le Syndicat des magistrats du Congo (Symco) ont exprimé des réserves quant au succès de ces travaux. Ils ont dénoncé des irrégularités, critiquant notamment l’absence de certains acteurs essentiels, comme le Conseil supérieur de la magistrature, dans l’organisation de l’événement.
Pour ces organisations, la présence de plus de 3 500 participants, incluant de nombreux étudiants et militants politiques, met en péril la qualité des débats, qui risquent de manquer de profondeur. Ils déplorent également les conditions logistiques, signalant une prise en charge inadéquate des magistrats venus des provinces, ainsi qu’un manque de transparence concernant les membres du secrétariat technique, dont l’identité reste floue pour nombre de participants.
Clément MUAMBA