L'Inspection générale des finances (IGF), par le biais de son Chef de service Jules Alingete Key, a formulé une série de recommandations visant à améliorer l'administration de la justice dans les affaires de détournement et de lutte contre la corruption en République Démocratique du Congo.
Dans ce cadre, il a appelé à l’amélioration des conditions socioprofessionnelles et de travail des magistrats congolais. Il a lancé cet appel samedi 9 novembre 2024 dans ses recommandations formulées aux États généraux de la justice, en cours à Kinshasa, capitale de la RDC.
"Renforcement des capacités des magistrats dans les finances publiques et la comptabilité. C'est important parce qu'il y a un déficit à ce niveau-là. Améliorer les conditions de travail des magistrats. Ici, c'est encore la mauvaise gouvernance, des détourneurs qui mettent la justice en difficulté en détournant les moyens de l'État et en privant la justice des frais de fonctionnement, de l'amélioration des conditions de travail. Je voulais que les magistrats, quand ils seront devant les détourneurs, les considèrent comme les auteurs de leur malheur", a déclaré Jules Alingete Key, chef de service à l'Inspection Générale des Finances (IGF).
En plus du renforcement du régime disciplinaire des magistrats, Jules Alingete a insisté sur l'importance de promouvoir une culture éthique de démission en cas de faits "avérés" de corruption ou de détournement.
"La promotion d'une culture d'éthique politique consistant à pousser les auteurs de détournements avérés, révélés par les organes de contrôle, à démissionner en attendant que la justice rende ses décisions. Pourquoi les gens ne démissionnent-ils pas ? Les organes de contrôle spécialisés produisent des rapports avec des faits avérés, mais tout le monde se cache derrière la présomption d'innocence, même les personnes prises en flagrant délit. Il faut promouvoir une culture de la démission", a indiqué Jules Alingete Key.
Le contrôle interne dans les entités publiques doit être renforcé pour améliorer la gouvernance.
"Renforcement du contrôle et audit interne des entités publiques : c'est un élément important dans notre administration. Dans les entreprises, il n'y a pas de contrôle interne. Le contrôle interne est tout un système mis en place au sein d'une entité qui permet d'assurer une transparence. Ici, chez nous, cela n'existe pas, et les audits internes dans les établissements et entreprises publiques ne fonctionnent pas", a ajouté Jules Alingete Key.
Lancé par le Chef de l'État Félix Tshisekedi, les travaux des États généraux de la justice se poursuivent sous le thème : "Pourquoi la justice congolaise est-elle qualifiée de malade ? Quelle thérapie face à cette maladie ?". Il est question, au cours de ces travaux, de faire un diagnostic, une autopsie de la situation de la justice congolaise et de proposer des solutions et des réformes pour pouvoir relever ce secteur de la vie nationale. Plusieurs participants venus de divers horizons prennent part active à ces assises.
Dans son exposé, Jules Alingete Key a abordé le sous-thème : "État des lieux du phénomène de la corruption et du détournement des deniers publics : Quelle réponse judiciaire ?". Ces travaux interviennent 9 ans après les États généraux de 2015, organisés sous le règne du Président Joseph Kabila Kabange par le ministre de la Justice et des Droits humains Alexis Thambwe Mwamba.
Clément MUAMBA