De l’élection de la RDC comme membre du Conseil des droits de l'Homme de l’ONU, à la fin du 19ème Sommet de l'OIF en passant par les 120 jours du gouvernement Suminwa, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Malicka Kwongkam Peshang.
Pouvez-vous nous parler brièvement de vous Madame Kwongkam Peshang ?
Malicka Kwongkam Peshang: je suis licenciée en sciences économiques et de gestion. Actuellement comptable dans une entreprise.
La RDC a été élue membre du Conseil des droits de l'Homme pour le mandat 2025-2027. Quel est votre avis sur cette élection ?
Malicka Kwongkam Peshang: Je pense que c'est une bonne nouvelle que la RDC soit élu comme membre de ce conseil, mais le défi à relever reste grand étant donné qu’elle devrait initier des réformes structurelles importantes pour améliorer la situation des droits de l'Homme au niveau national afin qu'elle puisse être un modèle sur l'échelle internationale. Cette élection est également une reconnaissance des efforts du pays en matière de droits de l'Homme, même si ces progrès sont insuffisants jusque là. Et Le fait que la RDC obtienne un siège dans cette instance importante lui offre également une opportunité de s'engager davantage en faveur des droits fondamentaux et d'améliorer son image sur la scène internationale.
Comment percevez-vous le soutien international dont a bénéficié la RDC lors de cette élection ?
Malicka Kwongkam Peshang: Ceci reflète une volonté de certains pays d'engager la RDC dans un dialogue constructif sur les droits de l’Homme, en espérant que sa participation au Conseil l'incitera à améliorer sa situation interne.
La fin du 19ème Sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie a été marquée par le boycott de Félix Tshisekedi lors de la séance à huis clos, après l'omission, par le président français, du conflit dans l'est de la RDC. Comment évaluez-vous cette réaction de Félix Tshisekedi ?
Malicka Kwongkam Peshang: En decidant de se retirer, Tshisekedi a mis en lumière le souci de voir la situation qui prévaut dans l’Est de la RDC être traitée avec la même considération que d'autres conflits et d'obtenir un soutien international conséquent pour mettre fin à cette crise qui perdure.
Pensez-vous que le boycott était une stratégie efficace pour attirer l'attention sur la situation en RDC ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
Malicka Kwongkam Peshang: Le boycott a effectivement généré une couverture médiatique qui attire l'attention sur la crise en RDC. Cela pourrait encourager des discussions ultérieures sur le sujet dans d'autres forums ou au sein de l'OIF.
Cependant je reste sceptique sur son efficacité parce que personne dans ces institutions n'ignore cette crise, s'ils décident de se taire c'est tout simplement à cause de leurs intérêts. Cette attitude hypocrite de la communauté internationale n'est plus à demontrer.
Le gouvernement Suminwa a totalisé 120 jours à la tête de l’exécutif national le 10 octobre. Comment jugez-vous les actions de ce gouvernement sur le plan sociétal et sécuritaire ?
Malicka Kwongkam Peshang: Je pense que les actions du gouvernement restent timide, même si les signaux sont prometteurs. Au vue du contexte actuel , j'estime que le gouvernement aurait pu prendre des mesures plus drastiques à impact visible sur terrain. Pour l'instant je pense que le bilan reste mitigé.
Quelles sont vos attentes par rapport à la suite de son mandat ?
Malicka Kwongkam Peshang: Mes attentes pour la suite de ce mandat peuvent s'étaler sur plusieurs volets. Le rétablissement de la paix à l Est, garantir la sécurité urbaine. Assurer des meilleures conditions sociales pour le peuple notamment une éducation de qualité, la santé, la desserte en eau et l’électricité, la réduction de la pauvreté et du taux de chômage.
Quels aspects de sa gestion devraient être mis en avant pour répondre aux attentes des Congolais ?
Malicka Kwongkam Peshang: Pour répondre à ces attentes, plusieurs aspects peuvent être privilégiés, entre autres la bonne gouvernance, la lutte contre l'impunité, la réduction du train de vie des institutions et des dépenses inopportunes.
Le nouveau ministre français de l’Intérieur a ordonné des vols groupés pour renvoyer les ressortissants de la RDC dans leur pays. Que pensez-vous de ces vols groupés ?
Malicka Kwongkam Peshang: Cette décision s'inscrit dans un contexte de pression migratoire croissante, liée notamment à l'afflux de migrants arrivant par kwassa-kwassa depuis l'Afrique des Grands Lacs. Bien que la France ait le droit de réguler ses frontières et de gérer les flux migratoires pour des raisons de sécurité, ces expulsions posent des questions humanitaires, car elles concernent souvent des personnes vulnérables fuyant des conditions difficiles. Une approche équilibrée, conciliant la gestion migratoire et respect des droits humains, semble nécessaire pour répondre à ce défi complexe
La police canadienne a repêché dans une rivière à Québec le corps sans vie d’Alexandra Martine Diengo Lumbayi, une étudiante ressortissante de la RDC, disparue depuis le 2 octobre. Quel impact pensez-vous que cette tragédie aura sur la communauté congolaise au Canada ?
Malicka Kwongkam Peshang: Cet événement tragique pourrait sûrement mobiliser la communauté pour honorer sa mémoire et sensibiliser le public aux questions de sécurité des étudiants et des immigrants. Il pourrait également engendrer des discussions sur la nécessité de soutenir psychologiquement les personnes affectées, tout en sensibilisant sur les défis auxquels font face les Congolais au Canada. Enfin, cela pourrait mener à des appels et à des changements dans les politiques de sécurité publique et d'intégration des immigrants.
Quelles stratégies peut-on mettre en place pour sensibiliser le public et protéger les ressortissants congolais dans les pays d’accueil ?
Malicka Kwongkam Peshang: Les stratégies à mettre peuvent consister à informer et à outiller les ressortissants eux-mêmes, à renforcer la coopération internationale et à impliquer les gouvernements, les organisations internationales et la société civile. L'objectif est de garantir la sécurité, les droits et le bien-être des Congolais vivant à l'étranger,en favorisant leur intégration dans leurs pays d'accueil.
Le prix Nobel de la paix 2024 a été attribué à l’organisation japonaise anti-armes atomiques Nihon Hidankyo. Que représente pour vous cette attribution ?
Malicka Kwongkam Peshang: L'attribution de ce prix à Nihon Hidankyo est un événement symbolique et porteur d'espoir. Elle souligne l'importance de lutter contre la prolifération des armes nucléaires et rappelle au monde entier les conséquences dévastatrices de ces armes.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka