Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a vivement réagi à l’ouverture, lundi, du procès du politologue et journaliste d’investigation Charles Onana devant le tribunal correctionnel de Paris. Dans une déclaration ferme, Mukwege a dénoncé la « politisation » de cette affaire, voyant dans le procès une injustice envers ceux qui cherchent à documenter et dénoncer les crimes de guerre et les massacres commis en République démocratique du Congo (RDC).
Charles Onana, de nationalité franco-camerounaise, est poursuivi aux côtés de son éditeur pour « contestation de l’existence d’un crime de génocide », en rapport avec le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, suite à des propos tenus dans son livre Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise, publié en 2019. Cette affaire a été portée devant la justice par des plaintes de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et l’association Survie.
Denis Mukwege a estimé que ce procès représentait une attaque contre ceux qui tentent de « mettre en lumière les souffrances du peuple congolais », rappelant que ces souffrances sont en partie documentées dans le rapport Mapping de l'ONU, publié il y a 14 ans, et dans lequel des crimes commis sur le territoire de la RDC sont consignés. « Poursuivre un homme qui dénonce les atrocités en RDC, alors que les responsables de ces crimes jouissent d’un accueil privilégié à Paris, est une honte pour la France, un pays qui se veut défenseur des droits de l’homme », a-t-il ajouté.
Lors de l’ouverture du procès, Charles Onana a réaffirmé son engagement en faveur de la reconnaissance des souffrances des Congolais, déclarant : « C’est important que le peuple congolais retrouve sa dignité, sa fierté. On doit reconnaître le statut de victime du peuple congolais. On ne peut pas avoir 10 millions de morts et faire comme si ce n’était rien. Pour moi, les victimes congolaises existent. Il faut leur donner un visage. »
Le procès, qui suscite un vif intérêt, se poursuit avec l’audition de témoins au tribunal de Paris. Mardi, lors de la deuxième journée d’audience, plusieurs membres de la diaspora congolaise se sont rassemblés devant le tribunal pour exprimer leur solidarité avec Charles Onana, auteur d’ouvrages dénonçant les violences perpétrées dans l’est de la RDC.