Rwanda- Burundi: " si ces attaques irresponsables devaient se poursuivre, il deviendrait extrêmement difficile d'éviter une escalade directe", prévient le Burundi à l'ONU

L'armée burundaise
L'armée burundaise

Les offensives de la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, ayant conduit à l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, ont causé des dégâts sur le territoire burundais. C’est ce qu’a déclaré le représentant permanent du Burundi auprès des Nations unies, Zéphyrin Maniratanga, lors d’une session spéciale consacrée à la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Selon l’ambassadeur Zéphyrin Maniratanga, le Burundi affirme prendre très au sérieux les bombardements ayant touché son territoire depuis le Rwanda. Il a averti que la retenue observée par son pays a des limites, soulignant que si ces attaques se poursuivent, le Burundi n’hésitera pas à riposter.

"Le Burundi souhaiterait informer cette auguste Conseil qu'il a pris très au sérieux le message des bombes envoyé à partir du Rwanda le 4 décembre 2025 sur le sol Burundais dans la commune de Tshibitoke blessant une femme et un enfant. Nous considérons cet acte comme une provocation grave et une manifestation d'une attitude belliqueuse que nous condamnons fermement. Je tiens à être clair : la retenue a des limites, si ces attaques irresponsables devaient se poursuivre, il deviendrait extrêmement difficile d'éviter une escalade directe entre nos deux pays", a fait savoir vendredi 12 décembre 2025 l’ambassadeur Zéphyrin Maniratanga lors de sa prise de parole.

M. Zéphyrin Maniratanga, représentant permanent du Burundi auprès de l'ONU précise que son pays va recourir à l'article 51 de la Charte des Nations Unies qui recommande aux États d'user de la légitime défense face à toute sorte des menaces. 

"Le Burundi ne pourra pas tolérer des violations répétées de son intégrité territoriale et se réserve le droit de faire usage de la légitime défense conformément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies. Le Burundi reste un partenaire fiable pour la paix et la sécurité régionale. S'il a pu défendre les populations civiles avec hauteur dans toutes les missions ou il a été déployées, le Burundi ne peut pas croiser ses bras face aux provocations et à la violation de son intégrité territoriale, il ne peut pas croiser ses bras face aux attaques contre sa population et nous ne pouvons pas croiser nos bras face aux atteintes portées à la stabilité de nos frontières", a souligné le diplomate Burundais dans son intervention. 

Et d'ajouter :

"Notre message aujourd'hui est donc un message d'appel à la mesure, à la fermeté contre les violations avérées et à une action concertée qui permette à l'Est de la République Démocratique du Congo et en particulier à des zones comme Uvira d'entrevoir enfin un avenir de paix durable".

Cette réunion intervient dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle.

Après l’occupation de Bukavu en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné la Uvira comme siège provisoire des institutions dans les zones encore sous contrôle gouvernemental dans la province du Sud-Kivu. L’AFC/M23, soutenu par le Rwanda et son armée, ayant désormais pris le contrôle d’Uvira, inflige, selon le chef de la diplomatie burundaise, une "gifle " à Washington, seulement quelques jours après la signature des accords censés ramener la paix dans la région des Grands Lacs.

Clément MUAMBA