La question de la révision de la Constitution en République Démocratique du Congo (RDC) continue à susciter des débats au sein de la population. Ce lundi 7 octobre, le DeskFemme d’Actualite.cd a rencontré quelques kinoise pour recueillir leurs opinions sur ce sujet. Les réactions varient et reflètent une diversité de points de vue.
Lydie Akuizy, étudiante en droit souligne que « toute loi n'est pas immuable », affirmant que la Constitution doit évoluer avec la société. « En tant que texte fondamental, la Constitution n'est pas figée ; elle doit évoluer avec le temps et les besoins de la société qu'elle régit. Chaque constitution prévoit des normes sur la procédure de révision, lesquelles sont essentielles pour garantir la légitimité et la stabilité du cadre juridique », a-t-elle dit. Selon elle, la révision peut être justifiée si elle répond à un intérêt général, sans bloquer les choix futurs des générations.
Martine Kapuya , licenciée en lettres est contre la révision de la Constitution. Elle craint qu'une telle démarche ne détourne l'attention des véritables enjeux que rencontre le pays, notamment les crises politique, économique et sécuritaire. Et que la révision ne serve qu'à renforcer les intérêts des dirigeants actuels, exacerbant ainsi les problèmes de corruption et de mauvaise gouvernance.
De son côté, Adolphine Ngoya, licenciée en sciences politiques administratives propose un regard nuancé. Elle reconnaît que la Constitution de 2006 ne cadre plus avec les réalités actuelles. Pour elle, une révision pourrait s'avérer nécessaire, mais elle insiste sur l'importance d'un débat inclusif et transparent pour évaluer les bénéfices et les risques d'une telle réforme.
À son tour, Françoise Kabala, licenciée en informatique soutient également la révision, mettant en avant que la Constitution actuelle a été élaborée dans un contexte de post-conflit. Selon elle, il est essentiel d'adapter la loi fondamentale aux besoins d’un pays en développement. Elle critique également le fait que certains articles semblent protéger les anciens dirigeants, entravant ainsi le progrès national. « Une révision est indispensable pour permettre à la RDC de se développer et de s’adapter aux besoins de sa population », a-t-elle déclaré.
Rose Bokete, étudiante en économie est également d'accord pour une modification de la Constitution, mais elle propose que tout changement concernant la durée du mandat présidentiel ne s'applique qu'après le mandat de Félix Tshisekedi en 2028.
« De plus, ceux qui ont déjà exercé la présidence ne devraient pas se représenter aux élections. Aucun membre de l'udps Tshisekedi ne pourra aujourd'hui justifier de manière raisonnable ce qu'ils ont catégoriquement refusé à Joseph Kabila par le passé. Ils doivent comprendre qu’en réalité, ce n’est pas la Constitution qui pose problème, mais la gouvernance elle-même ».
Élodie Nzambo, assistante à l’Unikin renchérit : « le rôle du Président de la République n'est pas de rester au pouvoir indéfiniment pour résoudre les problèmes fondamentaux de son peuple. Si tel était le cas, le Zaïre de Mobutu et le Cameroun de Biya seraient aujourd'hui des exemples de prospérité. Un mandat de cinq ans est suffisant pour accomplir l'essentiel ».
Pour elle, ce débat sur la révision soulève des questions fondamentales sur l'avenir du pays et la volonté des congolais de participer à la construction de leurs institutions. « Nous sommes une population en quête de changement tout en restant vigilante face aux enjeux de gouvernance », a-t-elle conclu.
Nancy Clémence Tshimueneka