L’appel du NRC à la veille de la conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans les Grands Lacs : Mettre fin à des décennies de négligence et renforcer le soutien aux personnes déplacées en RDC

Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)
Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)

Paris, capitale de la France, s'apprête à accueillir ce jeudi 30 octobre, une Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs. Selon le Quai d’Orsay, l'objectif principal de cette conférence est de mobiliser la communauté internationale pour répondre à l’urgence humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo et dans la région. Elle vise également à soutenir la dynamique de négociation et de médiation en cours, portée par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine.

Ces assises organisées par la France en coordination étroite avec le Togo, médiateur de l’Union africaine ne cessent de susciter un engouement au sein de la communauté humanitaire. Pour le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), il faut mettre fin à des décennies de négligence et exhorter les pays donateurs à renforcer leur soutien aux personnes déplacées en République démocratique du Congo.

« Nous avons besoin de deux choses d’urgence pour soutenir les personnes les plus vulnérables en RD Congo : un accès sans entrave et un financement adéquat pour soutenir à la fois les secours immédiats et le relèvement à long terme », a déclaré Eric Batonon, directeur pays du NRC pour la RD Congo, dans un communiqué ce mardi 28 octobre, soit deux jours avant l'ouverture des travaux.

Et de poursuivre :

« La Conférence sur les Grands Lacs est une occasion cruciale pour les États de promouvoir un accès sûr et sans entrave par route, par avion et en réduisant les obstacles administratifs, afin que l’aide puisse atteindre ceux qui en ont le plus besoin. Parallèlement, les États doivent s’engager à accroître et à pérenniser le financement. La conférence doit aller au-delà des paroles. Elle doit apporter de l’espoir et des engagements concrets aux millions de Congolais qui ont enduré des décennies de conflit et de négligence. »

Depuis neuf années consécutives, rappelle le communiqué, la RDC figure sur la liste annuelle du NRC des crises de déplacement les plus négligées au monde. Des décennies d'instabilité, de sous-financement et de faible engagement international ont laissé des millions de Congolais piégés dans des cycles de déplacement et de pauvreté.

À ce jour, la RDC est confrontée à l'une des plus grandes crises de déplacement au monde, avec 5,7 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, dont plus de deux millions nouvellement déplacées depuis début 2025.

« La RDC est l'un des exemples les plus tragiques des conséquences du manque de financement de l'aide humanitaire, qui frappe durement les crises négligées. Sur les 21 millions de personnes ayant besoin d'aide humanitaire dans le pays, moins de sept millions sont actuellement ciblées – et même ce plan reste gravement sous-financé. Le coût humain est exorbitant. De nombreux enfants n'ont pas accès à l'éducation, les familles déplacées se retrouvent sans toit ni accès à l'eau potable et à l'assainissement. Les investissements dans la protection et la résolution des conflits locaux sont également insuffisants. », a déploré M. Batonon.

Les combats se poursuivent sur plusieurs fronts ; les affrontements entre groupes armés et forces gouvernementales dans les Kivus, ainsi que l'escalade de la violence en Ituri, ont déraciné des communautés entières et détruit des infrastructures essentielles. De plus, deux millions de personnes sont rentrées chez elles depuis janvier 2025, souvent dans des zones dévastées par le conflit et privées de services de base, laissant les rapatriés et les communautés d'accueil dans un besoin urgent d'aide.

Chiffré à hauteur de 2,54 milliards USD, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo reste toujours sous financé. En octobre, seuls 400 millions de dollars américains avaient été reçus pour l'aide humanitaire en 2025, soit 16 % de l'appel lancé par l'ONU et ses partenaires en début d'année.

« Le financement humanitaire actuel pour la RDC équivaut à environ cinq centimes par personne dans le besoin et par jour. C'est une illustration flagrante de l'indifférence de la communauté internationale face à cette crise majeure. Il est temps de renverser la situation », a déclaré M. Batonon.

Selon ses initiateurs, la rencontre de Paris permettra en outre d’aborder l’approfondissement de l’intégration économique régionale, considérée comme un vecteur essentiel d’une paix durable. Elle se tiendra en marge du Forum de Paris sur la Paix. Selon le Quai d’Orsay, cet événement offrira à la communauté internationale l’occasion de marquer son engagement en faveur de la paix et de la prospérité dans la région des Grands Lacs, tout en soutenant concrètement les populations locales.

Par cette initiative, le gouvernement Français avec à sa tête Emmanuel Macron, la France souhaite réaffirmer son engagement diplomatique et humanitaire en faveur de la région des Grands Lacs et contribuer à une stabilisation durable de la région en proie aux violences depuis maintenant près de trois décennies.

Clément MUAMBA