Gécamines : le mouvement citoyen "Kudia Talala" dénonce les 9,6 millions USD dépensés par le Comité de gestion pour des services liés aux voyages et frais de missions

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Photo d'illustration

Un montant faramineux de 9,6 millions de dollars a été déboursé par Gécamines pour des services liés aux voyages et aux frais de missions de ses cadres, selon les révélations d’« Africa Intelligence » dans sa publication du 2 octobre 2024. 

Selon Africa Intelligence, c'est depuis avril 2023, que Gécamines a fait appel à l’agence de voyages Malabar Business Travel (MBT). Cette agence, dirigée par le Britannique Ritchie Callaghan et domiciliée à Lubumbashi, a facturé des prestations à plusieurs millions de dollars. 

La signature de ce contrat par le DG de la Gécamines, Placide Nkala, a donné lieu à l’émission d’une centaine de factures par MBT depuis une année et demi, incluant la location de véhicules, les nuitées d’hôtel, l’achat de billets d’avion, ainsi que l’affrètement d’un avion à huit reprises pour certains trajets.

Les révélations de ce média africain ont conforté le mouvement citoyen "Kudia Talala" qui avait lancé une alerte dans deux points de presse à Lubumbashi, les 6 et 14 septembre 2024, en soulevant des préoccupations majeures concernant des dysfonctionnements et des cas probables de détournement de fonds au sein de cette entreprise minière. 

« La situation de la Gécamines est préoccupante. Après notre forum, des syndicats représentatifs de la société se sont également réunis et ont une nouvelle fois souligné les dysfonctionnements persistants. Aujourd'hui, nous souhaitons aborder les problèmes liés à l'incompétence des responsables de la Gécamines, ainsi que les conflits qui continuent de miner sa gestion. L'incompétence se manifeste de plusieurs façons, et il est important de noter que le DG Placide Nkala a été nommé administrateur à Primera, tout en continuant de gérer les finances de la Gécamines comme s'il s'agissait de sa propre caisse. Le comité de gestion est composé du DG et de deux directeurs généraux adjoints, l'un chargé des Finances et des partenariats, et l'autre des Mines. Dans une gestion normale, le DG devrait signer conjointement avec le DGA chargé des Finances pour effectuer tout retrait d'argent, conformément aux dispositions de l'OHADA. Malheureusement, le DG Nkala effectue des retraits directement à la caisse en donnant des injonctions au directeur financier. De plus, bien qu'il ait été nommé à un autre poste, il refuse de procéder à la remise et reprise. Nous pensons qu'il est impératif que le ministre donne des injonctions au président du conseil d'administration pour que cette remise et reprise se fasse. Nous accorderons quelques jours pour que cette situation soit régularisée ; à défaut, les travailleurs de la Gécamines, ainsi que tous les membres de notre mouvement « Kudia Talala », organiseront des actions pour empêcher M. Nkala de continuer à diriger cette société », a déclaré Jean-Pierre Muteba, président national de « Kudia Talala ».

Pour « Kudia Talala », la situation actuelle dans la province du Lualaba, notamment dans le secteur minier, ne peut perdurer. 

Tout est orchestré pour semer la confusion avec le système de sous-traitance, au détriment des agents. Que ce soit dans le gardiennage, l'enseignement ou le service médical, aucune activité n'échappe à la sous-traitance, qui entraîne des pertes de millions.

« De manière tout aussi étonnante, des remblais d'une valeur de 320 milliards (soit 29 millions de tonnes) sont vendus à des entreprises chinoises. Aujourd'hui, la Gécamines ne produit plus rien, mais elle perçoit près de 3 milliards de dollars de la part de ses partenaires (représentant 20 % de toutes les entreprises partenaires). Malgré cette somme, elle est incapable de remettre sur pied même l'usine de câbleries, qui ne nécessite qu'un investissement de 14 millions. », a dénoncé Jean-Pierre Muteba, estimant que ces dépenses, au lieu de contribuer à la relance de la Gécamines, creusent davantage son déficit financier.

« Kudia Talala », est une plate-forme dédiée au contrôle citoyen qui évolue au sein de la société civile à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.

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