Kinshasa : la directrice du village bondeko/Libanga appelle l’Etat congolais à réserver un quota d'emploi aux personnes vivant avec un handicap

Photo/ droits tiers
Photo/ droits tiers

Dans le cadre de la journée mondiale des sourds, le Desk Femme d’Actualite.cd s’est entretenu avec Chantal Matumona, directrice du village Bondeko/Libanga, sur les conditions des filles sourdes et de leur prise en charge.


La responsable souligne que le village Bondeko s’occupe de la scolarisation de ces enfants. Elles étudient normalement et décrochent leur diplôme d'État. 
« Nous les formons pour qu'elles deviennent des enseignants, capables d'enseigner à leurs petites sœurs et petits frères sourds. »

Malgré les efforts du village Bondeko/Libanga, de nombreux défis entravent la scolarisation des filles sourdes. Le manque de reconnaissance du handicap par les familles pousse de nombreux parents à refuser de scolariser leurs enfants, les privant ainsi d'un accès à l'éducation. Les difficultés d'apprentissage liées à la surdité nécessitent des enseignants spécialement formés, mais ces derniers font face à des conditions de travail précaires et à un manque de ressources pédagogiques adaptées. De plus, l'absence d'infrastructures adaptées et de moyens de transport sécurisés complique les déplacements des élèves et augmente le risque de déscolarisation.


« Nous manquons cruellement de locaux adaptés. Dans certaines classes, il y a fusion de niveaux, ce qui complique encore davantage l'enseignement », a expliqué la directrice.


Chantal Matumona insiste également sur la nécessité d’une prime pour les enseignants dans les écoles spécialisées, conformément à l'arrêté 16/17-16/18 du 30 mai 2018.


« Les enseignants doivent bénéficier de ces primes, et des frais de fonctionnement doivent être alloués aux écoles spécialisées. Cependant, malgré nos démarches, nous n'avons pas encore obtenu de résultats concrets. De plus, les perspectives d'emploi pour les enfants vivant avec un handicap en RDC sont problématiques. Bien qu'ils étudient, quel en est l'aboutissement ? Le village Bondeko fait de son mieux pour que certains enfants qui excellent puissent revenir ici et devenir enseignants. Nous demandons à l’État de s'organiser pour réserver un quota d'emploi aux personnes vivant avec un handicap. »

Comment aider ces enfants à mieux s’intégrer dans la société pour une vie meilleure ?

Crispin Bwila, psychothérapeute appelle à une sensibilisation de la société sur les capacités et les droits des personnes en situation de handicap. 


« Des campagnes d'information pourraient aider à changer les mentalités. De plus, il faut établir des partenariats avec des entreprises pour garantir des stages et des emplois adaptés. Enfin, un soutien psychologique et éducatif pour les familles serait bénéfique afin de les accompagner dans l'acceptation du handicap de leurs enfants. La collaboration entre l'État, les ONG et la communauté est essentielle pour construire un environnement inclusif et favorable », a-t-il conclut.


Nancy Clémence Tshimueneka