La directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, a lancé mardi un appel en faveur d'un commerce mondial plus inclusif, soulignant que le protectionnisme n'était pas la solution pour intégrer les pays africains dans l'économie mondiale.
Lors de l'ouverture du Forum public de l'OMC à Genève, Mme Okonjo-Iweala a présenté le nouveau Rapport sur le commerce mondial 2024 intitulé "Commerce et inclusivité : Comment faire en sorte que le commerce bénéficie à tous". Elle a insisté sur le fait que le commerce doit devenir un levier pour le développement des pays en marge de l'économie mondiale, en particulier en Afrique.
"Le protectionnisme n'est ni une voie efficace ni rentable pour parvenir à l'inclusivité", a déclaré Mme Okonjo-Iweala, première Africaine à diriger l'OMC. "Un commerce plus important et meilleur est la solution pour intégrer les populations et les régions marginalisées dans l'économie mondiale."
Des obstacles persistants pour l'Afrique
Malgré les progrès réalisés depuis la création de l'OMC il y a 30 ans, de nombreux pays africains restent en marge du commerce mondial. Selon le rapport, la proportion de personnes vivant dans l'extrême pauvreté dans les pays à revenu faible et intermédiaire est passée de 40 % en 1995 à moins de 11 % en 2022. Cependant, beaucoup de pays africains n'ont pas pleinement bénéficié de cette réduction de la pauvreté.
"De nombreux pays pauvres, en particulier en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient, restent en marge du commerce mondial", a-t-elle déploré. "Ils étaient déjà à la traîne en matière de convergence des revenus avant la pandémie de COVID-19."
Le rapport identifie plusieurs obstacles empêchant les pays africains de tirer pleinement parti du commerce international, notamment des coûts commerciaux élevés, un accès limité aux marchés étrangers, des infrastructures insuffisantes et un manque de financement.
Appel à des politiques nationales complémentaires
Mme Okonjo-Iweala a souligné que si le commerce peut être un catalyseur de développement, il ne suffit pas à lui seul. "La politique commerciale seule ne suffit pas pour atteindre cet objectif", a-t-elle affirmé. "Des politiques nationales complémentaires sont nécessaires pour que le commerce – et l'économie en général – fonctionne pour tous."
Elle a appelé les gouvernements africains à mettre en place des politiques favorisant l'éducation, le développement des compétences et l'accès au financement pour permettre à leurs populations de saisir les opportunités offertes par le commerce mondial.
Le rôle crucial de l'Afrique dans le commerce mondial
En tant que continent riche en ressources naturelles et avec une population jeune en pleine croissance, l'Afrique a un rôle crucial à jouer dans l'économie mondiale. Mme Okonjo-Iweala a encouragé les pays africains à s'intégrer davantage dans les chaînes de valeur mondiales et à diversifier leurs économies au-delà des exportations de matières premières.
"Le commerce est désormais numérique, axé sur les services, vert et il doit également être inclusif", a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité pour les pays africains de s'adapter aux nouvelles tendances mondiales.
Un appel à la coopération internationale
La directrice générale de l'OMC a conclu en exhortant la communauté internationale à soutenir les efforts des pays africains pour s'intégrer dans le commerce mondial. "Si nous nous détournons de la coopération en matière de commerce, les conséquences sur la vie et les moyens de subsistance des populations seront réelles, tout comme celles sur la santé de notre planète", a-t-elle averti.
Le Forum public de l'OMC, qui se tient jusqu'au 12 septembre, réunit des représentants gouvernementaux, des organisations internationales, des entreprises et de la société civile pour discuter des moyens de rendre le commerce mondial plus inclusif et bénéfique pour tous.