La RDC continue de dépendre largement des importations d'électricité pour soutenir son secteur minier et son économie en général. Lors d'un briefing presse organisé jeudi par le ministère de la Communication et des Médias, Teddy Lwamba Muba, Ministre des Ressources Hydrauliques et de l'Électricité, a souligné les défis et les solutions potentielles pour répondre à cette dépendance croissante.
Docteur en Génie électrique et ingénieur électromécanicien de formation, Teddy Lwamba Muba, ancien Directeur Général Adjoint de la Société Nationale d’Électricité (SNEL), a déclaré : "L'histoire de la production d'électricité de la RDC s'est arrêtée en 1982. Alors, le temps s'est arrêté. Avec INGA2, il n'y a plus eu de projet. Mais ce qui était intéressant, c'est qu'à l'époque, cette production d'électricité suffisait aux besoins."
La situation a radicalement changé depuis la libéralisation du secteur minier en 1997, qui a entraîné une augmentation significative de la demande en électricité. "Ce boom-là a renversé la tendance. Ce qui a fait que la consommation et le besoin en électricité se sont accrus, mais on s'est rendu compte qu'on n'a pas libéralisé le secteur d'électricité au même moment que le secteur minier. On a été très vite rattrapés par le temps," a expliqué M. Lwamba Muba.
Aujourd'hui, la RDC importe 250 MW d'électricité de la Zambie pour soutenir son secteur minier. "La Zambie d'hier, qui recevait de l'électricité de chez nous, nous recevons 250 MW. La Zambie injecte 250 MW en RDC qui appuie le secteur minier. Et la génération de la richesse de ces 250 MW génère 8 milliards sur notre PIB," a-t-il précisé.
En plus de la Zambie, la RDC reçoit de l'électricité de plusieurs autres pays voisins. "Le poste de Buhandahanda qui sera lancé au niveau de Goma va permettre avec la ligne Nelsap, en contact avec le Kenya et l'Éthiopie, de recevoir très bientôt environ 50 à 100 MW de l'Éthiopie. L'Angola, avec la boucle de l'amitié, va injecter de la puissance ici. De Brazzaville, nous récupérons 25 MW par moments. Les Tanzaniens, avec leur nouvelle centrale, envisagent de fournir 100 MW à la RDC. Même la Centrafrique nous donne environ 2 MW avec Boali-Zongo," a détaillé le ministre.
Face à cette situation, M. Lwamba Muba appelle à une prise de conscience et à des investissements significatifs dans le secteur de l'électricité. "Nous devons très vite investir pour avoir de la production interne et répondre à ce monopole. Nous sommes un pays à vocation d'exportation, mais aujourd'hui, nous n'exportons rien," a-t-il insisté. Il a évoqué la mise en place de neuf sites qui pourraient générer 2500 MW, ainsi que le recours au leasing pour obtenir des équipements thermiques et photovoltaïques afin de combler le déficit énergétique.
"La dépendance aux importations d'électricité peut avoir des conséquences graves pour notre économie. Il est urgent de changer de politique et de développer un concept de défense énergétique pour le pays," a conclu le ministre.
Avec un taux d'électrification national de seulement 15 %, la RDC affiche l'un des taux les plus bas d'Afrique, avec de grandes disparités entre les zones urbaines et rurales. La SNEL dispose d'un parc de production de 2416 MW, soit 96 % de la puissance installée dans le pays, principalement issu de centrales hydroélectriques.
Clément Muamba