Les déviances sexuelles, également appelées paraphilies, constituent des comportements sexuels atypiques qui diffèrent des normes sociales et peuvent avoir des impacts psychologiques dévastateurs sur les victimes, indique Josué Ozowa Latem, psycho-clinicien du centre Telema et psychothérapeute à Kinshasa.
Il souligne que ces effets psychologiques peuvent être profonds et durables sur les victimes. Parmi les symptômes les plus courants, il cite les stress post-traumatique, les troubles de la personnalité et du comportement.
"Les victimes peuvent souffrir de cauchemars, de flashbacks, d'anxiété, d'hypervigilance, des troubles de la personnalité limite et antisociale. Mais également de la dépression, de la faible estime de soi et aussi éprouver une honte et une culpabilité intenses, ce qui peut nuire à leurs relations interpersonnelles",a-t-il dit.
Le psychothérapeute note plusieurs facteurs qui peuvent influencer le risque de se livrer à des déviances sexuelles, notamment : (i) les facteurs biologiques: selon Josué Ozowa Latem, des études suggèrent que des prédispositions génétiques ou hormonales pourraient jouer un rôle dans le développement de certaines paraphilies. (II) Les facteurs psychologiques ( des expériences traumatisantes durant l'enfance, une éducation sexuelle inadéquate ou des problèmes d'attachement); (iii) Les facteurs socioculturels (les normes et les valeurs sociétales). Mais aussi les facteurs personnels, familiaux (les abus sexuels, la négligence et la violence domestique dans la famille), ainsi que les facteurs communautaires (la pauvreté, le manque d'éducation et la discrimination).
Il appelle cependant les parents, les communautés et le gouvernement à jouer chacun son rôle pour lutter contre ces pratiques et aider les victimes à s’en sortir.
" Les parents doivent avoir des conversations ouvertes et honnêtes avec les enfants sur la sexualité, le consentement et les relations saines. Ils doivent être vigilants quant aux activités de leurs enfants et signaler tout comportement suspect aux autorités compétentes. Mais aussi créer un environnement familial sûr et aimant où les enfants se sentent à l'aise pour parler de leurs préoccupations", a-t-il expliqué.
Quant aux communautés, il les invite à la sensibilisation par des campagnes pour informer le public sur les déviances sexuelles, leurs impacts et les ressources disponibles pour les victimes. A créer des centres de soutien et des groupes de parole pour offrir aux victimes un espace sûr pour guérir et se reconstruire. À lutter contre la stigmatisation associée aux déviances sexuelles afin que les victimes se sentent à l'aise pour demander de l'aide.
Au gouvernement, le psychologue préconise de mettre en place des politiques et des lois qui protègent les enfants contre les abus sexuels et punissent les auteurs. De financer des programmes de prévention qui sensibilisent aux déviances sexuelles et enseignent aux enfants des compétences en matière de vie. De veiller à ce que les victimes de déviances sexuelles aient accès à des services de soutien de qualité, tels que la psychothérapie et le conseil.
Josué Ozowa souligne que les déviances sexuelles ne sont pas nécessairement le résultat d'un choix délibéré ou d'une perversion. Elles peuvent être dues à des facteurs complexes et involontaires qui nécessitent une compréhension approfondie et une approche empathique. D’où la collaboration entre les psychologues, les professionnels de la santé mentale, les éducateurs, les autorités et la société civile est essentielle pour mener à bien cette lutte, a-t-il renchéri.
Nancy Clémence Tshimueneka