Un rapport accablant publié mercredi 27 mars à Kinshasa par les organisations RAID UK et AFREWATCH révèle les conséquences désastreuses de l'exploitation du cuivre et du cobalt sur les populations riveraines des sites miniers dans la région du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). Le rapport dénonce la contamination de l'eau et l'épuisement des ressources hydriques causés par les activités minières, privant des centaines de milliers de personnes de leur droit à l'eau potable et à un environnement sain. La région du Katanga, riche en cobalt et en cuivre, se transforme en une "zone sacrifiée", où les populations subissent des effets néfastes sur leur santé et leurs droits humains.
Des témoignages poignants
« Nous vivons dans un environnement qui nous apporte plus de problèmes que de solutions. Nous tombons malades, nos sols et notre eau sont pollués et nos terres nous sont enlevées », a témoigné un habitant cité dans le rapport.
« Nous sommes les grands perdants de l'exploitation minière. Au cours de mes 53 années de vie, j'ai vu beaucoup de changements. Ces sociétés sont venues seulement pour s'enrichir et nous apporter la mort », ajoute un autre.
Ces témoignages recueillis par les enquêteurs confirment l'impact dévastateur de la pollution de l'eau sur la santé des populations, en particulier des femmes et des filles. Les revenus déjà faibles des habitants sont également affectés par la diminution des ressources naturelles.
Responsabilités multiples
Le rapport met en évidence la responsabilité des sociétés minières, majoritairement chinoises et européennes, qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour protéger les populations et l'environnement, malgré les études d'impact environnemental et social qui identifient les risques.
Le gouvernement de la RDC, malgré les lois en vigueur, n'arrive pas à faire respecter les normes environnementales. Le manque de ressources, d'expertise et de coordination entre les agences gouvernementales fragilise le contrôle des activités minières, selon le rapport.
Face à l'inaction du gouvernement, les communautés locales ont décidé d'agir en justice pour défendre leurs droits. Des affaires ont été portées devant les tribunaux de Kolwezi et Lubumbashi, et des plaintes ont été déposées contre les sociétés minières et les agences gouvernementales.
Les mines concernées par ce rapport sont :Tenke Fungurume Mining (détenue par CMOC), Metalkol (Eurasian Resources Group), COMMUS (Zijin Mining), Kamoto Copper Company (KCC) et Mutanda Mining (MUMI) détenues par Glencore.
Pour remédier à ce problème, le rapport de RAI et AFREWATCH appelle à une action urgente de la part des sociétés minières, du gouvernement congolais et de la communauté internationale pour mettre fin à l'exploitation néfaste des ressources naturelles en RDC.
Bruno Nsaka