Fridolin Ambongo : « Aujourd'hui, la ville de Kinshasa est abandonnée, une ville qui n’est plus gouvernée »

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Gombe, l'une des communes de la ville de Kinshasa. Ph. ACTUALITE.CD

Le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu a dénoncé "l'abandon" de la ville-province de Kinshasa par les autorités compétentes. Selon lui, la ville de Kinshasa est aujourd’hui abandonnée, une ville qui n’est plus gouvernée.

Dans son message lors de la messe de Pâques samedi 30 mars 2024, le numéro Un de l'Église catholique en RDC note une indifférence des autorités qui ne prennent pas au sérieux le risque qu’encourt la République Démocratique du Congo en abandonnant la capitale.

« La ville de Kinshasa aujourd'hui est une ville abandonnée, Kinshasa est abandonnée, c'est une ville qui n'est plus gouvernée. Qui ramasse nos ordures ici à Kinshasa ? Nos ordures finissent dans les rivières, les cours d'eau, les caniveaux et même sur les chemins, sous les yeux des autorités chargées de ces questions. On peut se poser la question : mais où sont les autorités municipales ? Elles ne sont pas là. Kinshasa est une ville abandonnée et cet abandon semble ne pas inquiéter les autorités. Il n’y a personne qui prend au sérieux les risques que notre nation court en abandonnant sa capitale comme on le fait aujourd'hui », a déploré l'archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo Besungu.

Autre fait soulevé, le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu note que la circulation dans la ville de Kinshasa devient pratiquement impossible, même en voiture, en raison de l'impraticabilité des routes et des embouteillages.

« Tu ne peux plus te déplacer d'un coin de Kinshasa à l'autre, partir à temps et arriver à temps, ça devient impossible. Kinshasa est abandonnée, et un peuple abandonné ne rêve que du moment où quelqu'un viendra à son secours. Ce sentiment que nous commençons à enregistrer ici à Kinshasa se vit déjà à l'Est, et il y a des Congolais qui vivent maintenant en parfaite intelligence avec les occupants parce qu'ils comparent le temps où ils étaient sous le gouvernement, sous le pouvoir de Kinshasa, et aujourd'hui, sous le pouvoir des occupants, ils considèrent qu'avec ceux-là, l'administration fonctionne très bien, leurs enfants vont à l'école, le système de santé commence à s'organiser, naturellement ils les accueillent à bras ouverts. Est-ce que nous mesurons les conséquences d'abandonner un peuple comme le peuple congolais est aujourd’hui abandonné ? », s'est-il interrogé dans son message.

Par ailleurs, Fridolin Ambongo Besungu déplore le fait que, face à l'incapacité des dirigeants, ce sont désormais les étrangers qui font la loi dans le secteur de l'économie, en complicité avec certains dirigeants, pour maltraiter des nationaux. Pour lui, les Congolais vivent désormais comme des "esclaves" dans leur propre pays.

« Ceux qui contrôlent l'économie de Kinshasa aujourd'hui ne sont plus des Congolais, ce sont des étrangers, des Indiens, des Pakistanais et des Libanais qui imposent leurs lois et qui maltraitent des Congolais avec la complicité des autorités de notre pays et ils sont au-dessus de la loi. C'est eux qui achètent partout, c'est eux qui construisent partout, c'est eux qui dominent le secteur des finances, tous les systèmes économiques de notre ville de Kinshasa sont dominés par ces trois catégories d'étrangers. Et nous, Congolais, qu'est-ce que nous faisons là-dedans ? Qu'est-ce que nous faisons dans notre pays ? Cette situation ne peut plus continuer à perdurer », a interpellé Fridolin Ambongo Besungu.

La gestion des dirigeants de la ville-province de Kinshasa à l'Assemblée provinciale tout comme au gouvernement provincial lors de la législature 2018-2023 est jugée catastrophique dans l'opinion congolaise et kinoise en particulier. Avec cette nouvelle législature qui commence, l'opinion cette fois-ci doit être très vigilante sur les futurs animateurs de la ville de Kinshasa. Le parti présidentiel, qui ne jure que de prendre la tête de la ville, doit réellement prendre en compte les besoins et préoccupations des Kinois pour y apporter des solutions une fois aux affaires d'ici mai 2024.

Clément MUAMBA