Les déplacés du site de la paroisse Sainte-Marthe de Lubunga ont jugé bon de quitter le site où ils étaient hébergés pour rejoindre des familles d'accueil en raison de la faim. Ils ne reçoivent plus d'assistance de la part des personnes de bonne volonté. Depuis août 2023, la vie devient difficile pour trouver à manger, même les soins médicaux pour les malades posent problème les soirs. Seul le curé de cette paroisse prend parfois en charge les malades. Même son de cloche pour les déplacés se trouvant dans la commune de Kisangani, c'est le même cri d'alarme qui se fait entendre.
Madame Salima, chef de service des affaires sociales de la commune de Lubunga, reconnaît que les déplacés souffrent. "Il n'y a pas d'assistance en faveur des déplacés, ils sont abandonnés à leur triste sort. Depuis décembre 2023, nous avons enregistré 20 décès ici dans ce centre jusqu'au mois de janvier-février 2024. Parmi ces décès, il y a des femmes, des enfants, des hommes et des personnes âgées. Plusieurs déplacés se sont rendus chez des familles d'accueil avec leurs enfants et leurs femmes pour se débrouiller et solliciter des travaux ménagers, comme le sarclage ou puiser de l'eau à boire moyennant de l'argent. D'autres se dirigent vers le centre-ville pour mendier, les enfants font de même. Selon un notable de la commune de Lubunga qui a requis l'anonymat, il donne la vraie cause de cette vie que mènent les déplacés.
"C'est à cause des actes de violence survenus lors des affrontements entre les deux tribus. Tout est parti du conflit foncier depuis février 2023", a indiqué ce notable.
Pour Assani Belake, déplacé venant du village de Lokata, "nous sommes fatigués de rester ici sur ce site, nous n'avons plus à manger, nous voulons rentrer dans nos villages où nous pourrons cultiver nos champs au lieu de rester ici. Regardez comment nous avons placé un bassin en plastique sur la route, c'est pour demander de l'assistance auprès des passants. Nos femmes et nos enfants sont dans la rue pour demander de l'aide à n'importe quel passant. Ici, dans ce site, il y avait plus de 1500 déplacés à la paroisse Sainte-Marthe, mais pendant ces jours, le nombre a sensiblement baissé, il n'y a que 80 déplacés qui sont restés à cause de la faim", lâche Assani Bekaka, enseignant à Lokata. Le vice-président des déplacés de ce site s'adresse aux autorités du pays pour leur retour dans leurs villages respectifs.
"Nous demandons au président de la République et à d'autres autorités de s'impliquer personnellement pour ramener la paix dans ces entités touchées par ce conflit intercommunautaire. Nous avons beaucoup souffert ici, nous ne savons plus à quel saint nous vouer, les personnes de bonne volonté ne pensent pas à nous", déclare Lokeso Pablo, vice-président des déplacés.
Selon nos sources, chaque partie en conflit ne veut plus cohabiter avec d'autres tribus, chacune protégeant son entité. C'est le cas de la route Ubundu au PK 12,14, où les Mbole n'ont plus accès à leurs champs ni à leurs habitations, leurs forêts où ils cultivaient des champs sont occupées par les Lengola et les Mituku. L'unité d'intervention de la police venue de Kinshasa se détourne de sa mission, elle serait en étroite collaboration avec les assaillants. Ils boivent et mangent ensemble au lieu de poursuivre leur mission de rétablir la paix.
Contacté par Actualité. C.D, le curé de la paroisse Sainte-Marthe de Lubunga, le Père Masudi, pense qu'il est trop tôt pour que les déplacés retournent chez eux. Il faut d'abord passer par la réconciliation entre toutes les communautés en conflit avec l'implication des autorités provinciales et nationales. C'est d'ailleurs le souhait de l'Église catholique de Kisangani, qui projette des consultations avant d'organiser un forum réunissant les différents membres de ces communautés en conflit jusqu'à aujourd'hui.
Gabriel Makabu depuis Kisangani