En marge de la clôture de la campagne des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes, Kinshasa News Lab avec l'appui technique d'Internews a organisé ce 11 décembre 2023 à la salle Boboto, une conférence débat pour dresser l'état des lieux des avancées et défis à relever dans la réduction des violences basées sur le genre dans un contexte électoral.
L'objectif était de sensibiliser les médias et les acteurs de la société civile sur la nécessité d'inscrire la lutte contre la violence basée sur le genre au cœur des débats politiques.
Le panel était composé par 3 activistes féminines, notamment Joëlle Bile, candidate à la présidence de la RDC, Christiane Munoki Ekambo, journaliste et experte en genre, ainsi que Fifi Buka, point focal de Rien sans les Femmes, mouvement de la société civile œuvrant pour les droits des femmes.
D'entrée de jeu, il a été révélé qu'en cette période électorale, les questions sur les droits des femmes ne sont pas prioritaires.
"La mise en œuvre des textes sur les violences basées sur le genre reste encore un défi à relever. » Nous sommes dans un contexte délicat, surtout dans l'Est du pays et nous savons que ce sont les femmes qui payent le prix fort. Nous avons beaucoup à faire pour parvenir à instaurer la paix. Dans les 16 jours d'activisme, nous voyons tout un champ de violences sur lesquelles nous devrions travailler pour que la femme puisse vivre dans la paix et sans violence. Les femmes représentent plus de 54 % de la population congolaise et je pense qu'aucun candidat ne peut élaborer son programme sans prendre en compte les besoins spécifiques de la femme de manière générale. Il y a des avancées, mais nous sommes encore trop loin d'éradiquer les violences basées sur le genre," a précisé Fifi Baka.
Joelle Bile est revenue sur son apport pour l'élimination de la violence faite à l'égard des femmes une fois élue.
"Je suis candidate pour assainir l'espace politique et mon programme s'intitule la République des Valeurs". Pour moi, la république des valeurs est une république qui doit être basée sur l'application des textes qui existent dans notre pays. Ce qui tue le pays c'est le fait que rien n'est respecté. Nous vivons dans une République bananière où les textes sont respectés. Sous ma mandature, je ferai en sorte que tous les textes qui donnent un point ou l'équité à la femme soient respectés", a-t-elle rassuré.
Parlant de l'apport des médias sur les questions liées aux violences basées sur le genre, Christine Ekambo a souligné que les médias n'ont pas été impliqués.
"Le média a un rôle capital à jouer en tant qu'acteur social et faiseur d'opinion. Ce sont les médias qui devraient prendre le problème crucial dans notre société. Les journalistes n'ont pas été sensibilisés, on a vu la guerre, mais on n'a pas vu les conséquences de la guerre. C'est aujourd'hui que nous devons nous réveiller pour faire un focus sur les conséquences de cette guerre. On a eu les 16 jours d'activismes de lutte contre les violences basées sur le genre, mais on n'a pas vu grand-chose. Lors du lancement, le ministère du genre s'adresse plus aux ONG et la société civile qui sont au-devant de la scène, on ne met pas l'accent sur les journalistes. Les journalistes ne sont pas partie prenante sur les questions liées aux violences faites aux femmes, ils rapportent juste ce qu'on leur donne", a-t-elle déploré.
Au terme de cette activité, il a été recommandé de pouvoir mener des campagnes de sensibilisation accrues, casser les stéréotypes qui limitent la femme, construire de bonnes bases pour créer des générations où les femmes et les hommes se considèrent complémentaires et égaux.
Il sied de rappeler que cette campagne de 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes s'est tenue du 25 novembre dernier au 10 décembre qui marque la Journée des droits humains. Cette campagne offre aux personnes et aux organisations du monde entier une stratégie de mobilisation appelant à la prévention et à l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles.
Grace GUKA