RDC : quelles sont les différentes missions d'observation électorale et quel est leur poids ? (Décryptage)

Les électeurs en train de consulter les listes électorales devant un bureau de vote.

La République Démocratique du Congo se prépare à organiser en décembre de cette année son 4e cycle électoral depuis l'adoption de la nouvelle constitution. Pour ce rendez-vous majeur qui permettra aux Congolais de choisir leurs nouveaux dirigeants pour les cinq prochaines années, plusieurs organisations internationales et nationales ont annoncé le déploiement de leurs observateurs sur le terrain. L'objectif est de fournir une évaluation professionnelle, indépendante et impartiale de la qualité du processus électoral, tout en tenant compte des instruments du droit international, des bonnes pratiques et de la législation nationale en matière d'élections démocratiques.

Selon les délégués de l'Union Européenne, l'équipe cadre de la MOE UE (mission d'observation électorale de l'Union Européenne) est composée de 13 experts électoraux et 42 observateurs à long terme. Douze observateurs à court terme seront également déployés à l'approche des scrutins.

En dehors de l'UE, le lundi 25 septembre 2023, le Président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), Denis Kadima Kazadi, a rencontré une délégation du Centre Carter investie d'une mission internationale d'observation électorale dirigée par Nicolas Teindas. Invitée par le ministère des Affaires étrangères, cette mission d'observation de long terme prévoit un déploiement prochain. "Nous avons été invités par le ministère des Affaires étrangères congolais pour venir observer le processus électoral. Nous sortons d’une séance de travail avec la Commission électorale où nous avons discuté de notre mission, de sa structure et de ce que nous allons faire en République Démocratique du Congo. La structure est composée d’une équipe cadre d’experts et d’observateurs à long terme qui seront déployés sur le terrain", a déclaré devant la presse Nicolas Teindas, chef de la délégation.

Au niveau continental, la mission technique pré-électorale de l'Union Africaine, menée par l'ambassadeur Calixte Mbari, a séjourné le mercredi 8 novembre 2023 en République Démocratique du Congo où elle a échangé avec les dirigeants de la Centrale électorale. D'après la cellule de communication de la CENI, cette séance de travail a préparé la venue prochaine de la mission d'observation électorale de l'UA du 11 au 26 décembre 2023.

"Cette mission intervient dans ce cadre-là, elle sera suivie d’une mission d’observation électorale, plus conséquente, qui pourra à cette occasion rencontrer tous les acteurs, les partis politiques, la société civile, les institutions en charge de la gestion des élections pour contribuer à ce que ces élections soient les plus apaisées et inclusives possible", a expliqué l'ambassadeur Calixte Mbari, chef de la division Démocratie, Élections et Constitutionnalisme au sein de l'UA.

Les organisations sous-régionales prévoient également de déployer des missions d'observation électorale en décembre. Dans la continuité des actions pour la consolidation de la paix et le renforcement de la démocratie et du système électoral, la délégation du Conseil consultatif électoral de la Communauté de développement des États de l’Afrique australe (SADC) a rencontré en octobre dernier le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Denis Kadima, pour évaluer l’état de préparation des élections en RDC. Conduite par sa vice-présidente, Notemba Tjipueja, cette délégation de la SADC est repartie satisfaite après ses échanges avec Kadima.

"Ses réponses étaient très satisfaisantes et nous sommes heureux de constater tout le travail effectué par la CENI. En même temps, nous sommes impatients de revenir lors des élections avec la mission d’observation que nous allons accompagner", a rapporté Notemba Tjipueja.

En dehors de la SADC, à l'issue d'une seconde mission d'information et d'évaluation en octobre dernier, la Communauté Économique des États d'Afrique Centrale (CEEAC) a annoncé le déploiement de sa mission d'observation pour les élections de décembre en RDC. "La Mission a l'honneur d'informer les Autorités nationales, les partenaires bilatéraux et multilatéraux de la République Démocratique du Congo ainsi que l'opinion nationale et internationale que la Commission de la CEEAC envisage de déployer une mission d'observation électorale de plus de trente personnes comprenant une équipe technique d'encadrement et des observateurs électoraux, tous ressortissants des Etats membres", indiquait le communiqué final de la mission.

Les organisations citoyennes nationales souhaitent également contribuer à la transparence et à la crédibilité du 4e cycle électoral. Très active depuis sa mise en place et surtout pendant l'étape des opérations d'identification et d'enrôlement des électeurs, la mission d'observation électorale CENCO-ECC compte jouer un rôle crucial au regard de son ancrage dans le territoire national. C'est dans ce cadre que le Révérend Éric Nsenga, porte-parole de l'église du Christ du Congo (ECC), a révélé à ACTUALITE.CD que leur organisation (MOE CENCO-ECC) prévoit de déployer sur le terrain 60 000 observateurs pour les élections de décembre 2023.

En dehors de la MOE CENCO-ECC, il y a également « Regard Citoyen », une mission d’observation électorale citoyenne formée par quatre plateformes : le Réseau Gouvernance Économique et Démocratie (REGED), le Réseau National pour l'Observation et la Surveillance des Élections au Congo (RENOSEC), Rien-Sans-Les-Femmes (RSLF) et le Réseau des Organisations de Droits Humains et d’Éducation Civique d’Inspiration Chrétienne (RODHECIC). Depuis sa création, « Regard Citoyen » a formé 55 Grands Formateurs (GF) qui sont des experts électoraux Congolais recrutés selon leurs provinces d’origine. Ces GF seront déployés par binômes dans les 26 provinces pour former 500 observateurs à long terme recrutés en tenant compte de la cartographie électorale et d’autres paramètres techniques liés à la stratégie de recrutement et de déploiement des observateurs. Les Observateurs de Long Terme (OLT) formés deviennent les Formateurs des Observateurs de Court terme (OCT) qui seront recrutés depuis les territoires. Les OCT seront au nombre de 22 000.

Dans le même registre, il y a également d'autres organisations telles que la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections et la nouvelle société civile congolaise, deux organisations de la société civile qui se sont mises d’accord pour mutualiser leurs forces pour la suite du processus électoral. Cette unité sera notamment manifeste dans le déploiement des observateurs électoraux dans tout le pays pour les élections générales qui auront lieu le 20 décembre prochain. C'est ainsi qu'a été créée la semaine dernière la Coalition des Missions d’Observation Citoyenne des Élections (CO-MOEC).

Dénis Kadima Kazadi, président de la CENI, a initié le jeudi 2 novembre dernier un forum sur l’observation électorale citoyenne. L'objectif était de mettre en place un nouveau code de conduite en partenariat avec les différentes organisations, résultant des discussions et contributions de toutes les parties. Selon lui, "il arrive que des missions d’observation fassent des déclarations incendiaires en ignorant leurs lourdes responsabilités par rapport à la stabilité du pays".

Clément Muamba