Bilan de Felix Tshisekedi : ce qu'en pensent les femmes congolaises

Photo/ Droits tiers
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Félix Tshisekedi était devant le Congrès le mardi 14 novembre 2023. À cette occasion il a dressé un bilan positif de son mandat. Qu'en est-il de la situation de la femme en République Démocratique du Congo ? Quelques femmes leaders ont évalué les actions menées par le chef de l'État.

Léonie Kandolo, vice-présidente du Groupe de plaidoyer Leadership des Femmes, pense que le bilan du président sortant est positif et qu'il y a des avancées significatives en ce qui concerne la participation des femmes au poste de prise de décision.

"Le bilan du chef de l'État est positif". Je peux évoquer certains points comme l'instauration du suivi et l'accouchement qui diminuera la mortalité des femmes et des bébés lors de l'accouchement. Une amélioration des infrastructures et le projet visionnaire des 145 territoires où pour la première fois on pense au développement en commençant par les communautés. La forte augmentation du budget et la lutte contre la corruption à travers l'IGF. Très important aussi le retour de la RDC sur l'échiquier international. Nous sommes du bon côté de l'histoire et nous devons y rester, car nous n'avons jamais eu autant de femmes dans le gouvernement (27 %) et à des postes régaliens. Il faut aussi que les femmes capables soient plus nombreuses et plus audacieuses."

De son côté, Marie-Louise Mwange, femme politique et ancienne Ministre du Genre, Famille et Enfants, souligne que le mandat du chef de l'État est loin d'avoir porté des résultats conformes aux souhaits des Congolais.

"Pour lui, son bilan est positif, mais pour nous qui sommes près de la population, nous n'avons vu aucune avancée significative dans le quotidien des Congolais et particulièrement dans celui de la femme. » Comme vous le savez, l'autonomisation de la femme et la participation politique sont les éléments clés qui peuvent être des indicateurs de ce qui va au niveau de la communauté. Il est difficile pour certaines femmes de nourrir décemment leurs enfants. 1 $ qui était à 1500 FC aujourd'hui est à 26000 FC, les fonctionnaires ne sont pas payés, les militaires aussi, pourtant on nous parle d'un budget de 16 milliards. Dans tous les secteurs de la vie que nous avons observés, il y a des régressions perceptibles."

Marie-Louise Muange exhorte le chef de l'État d'arrêter avec les mesures populistes.

"Il y a eu la maternité gratuite qu'on a instaurée, mais l'on se demande en quoi cela fait avancer la cause de la femme ?" Puisque que ce n'est pas toutes les femmes qui accouchent, c'est juste une tranche de la population féminine qui va à la maternité et les pauvres mamans qui sont déjà ménopausées, en quoi sont-elles concernées ? Il ne sert à rien de prendre des mesures populistes pour ensuite la brandir comme étant des avancées. Nous estimons qu'il faut encore plus de volonté politique, ce n'est pas encore assez."

Nicole Kavira, coordonnatrice nationale du Mouvement des Indignés de la situation sécuritaire en RDC, estime qu'il reste encore de nombreux défis à relever.

"Concernant la gestion des questions sécuritaires, la situation semble échapper complètement aux responsables. Les provinces où il y a l'État de siège sont toujours dans l'instabilité. Cela va faire plus d'une année que Bunagana est sous contrôle de l'ennemi. La ville de Goma, quant à elle, continue à être sous menace de l'ennemi. Voilà pourquoi nous encourageons les survivants à s'approprier des mécanismes de sécurisation populaires pour protéger nos vies et protéger nos terres. Il faut que les autorités du pays, le chef de l'état, chef du gouvernement, le ministère du genre, les partis politiques et la société civile s'activent pour redorer l'image de la femme congolaise, car sans l'implication de la femme, la RDC ne pourra donner le meilleur d'elle-même."

Grace GUKA