Le mois d'octobre est consacré à la récolte de fonds pour la recherche contre les cancers. Selon l'Association Internationale du Cancer du Sein (ASSICAS/RDC), en RDC, l'incidence du cancer du col de l'utérus est estimée à 30 ou 35 pour 100 000 habitants. À Kinshasa, elle est estimée à 3.500 le nombre de nouveaux cas par an.
Cette incidence coïncide avec la mortalité, car les patientes arrivent généralement dans les structures de santé au stade avancé de la maladie, déplore le Dr Thésée Kogomba Kebela, assistant senior au département de gynécologie obstétrique des cliniques universitaires de Kinshasa.
"Le cancer du col de l'utérus demeure parmi les maladies qui entraînent le plus de morts et complications sanitaires chez la femme. Cette maladie attaque l'organe génital féminin important pour la reproduction, et peut être traitée si elle est encore en phase préliminaire. Les patientes nous arrivent généralement à un stade avancé de la maladie, ce qui entraine plus de décès", a-t-il précisé.
Parmi les facteurs de risque, le gynécologue cite :
- L'infection au virus du papillome humain (VPH), qui se transmet par contact sexuel (pénétration, contact buccogénital, caresse génitale). Le médecin estime que 80 % des femmes sont infectées par ce virus au cours de leur vie, et peut provoquer des lésions précancéreuses susceptibles de muter en lésions cancéreuses.
La seule présence du VPH présente un haut risque de développement du cancer du col de l'utérus, mais n'est pas suffisante, précise le gynécologue.
D'autres facteurs associés semblent augmenter le risque, il parle alors de facteurs comme le tabac, l'activité sexuelle précoce ou intense.
- Le changement des partenaires sexuels
-La multiparité (l'infection au HPV est plus fréquente chez les femmes ayant accouché par voie basse plusieurs fois)
- L'infection au virus de l'immunodéficience humaine (VIH)
- Les Infections sexuellement transmissibles (IST)
- Les contraceptifs oraux.
À un stade avancé, continue le gynécologue, cette maladie peut présenter des symptômes locaux spécifiques, comme : des saignements survenant après les rapports sexuels, des saignements en dehors des règles, des pertes blanches, des douleurs pelviennes ou du bas du dos ou encore des douleurs provoquées par les rapports sexuels. Mais à un stade précoce, le cancer du col utérin n'est pas symptomatique, c'est pourquoi les femmes se situant dans la tranche d'âge concernée par le dépistage (25-65 ans) doivent faire le FCU (frottis cervico-utérin), en dehors même de tout symptôme.
Dr Thésée renseigne qu'il est tout à fait possible de guérir du cancer du col de l'utérus. Mais plus le stade est avancé, plus le pourcentage de guérison diminue. Il recommande ainsi un suivi régulier grâce aux frottis de dépistage tous les 3 ans chez les femmes âgées de 25 à 65 ans. Les spécialistes dans la lutte contre le cancer placent le cancer du col de l'utérus au premier rang devant d'autres qui déciment des vies en République démocratique du Congo.
Les études menées montrent qu'à peu près 70 à 80 % des cancers dépistés concernent l'utérus. Ce cancer devance de loin le cancer du sein, qui occupe la deuxième position avec 20 % des cas.
Nancy Clémence Tshimueneka