Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a souligné vendredi au cours d’une réunion du conseil des ministres l'importance de l'édification de l’État de droit lors du dernier conseil des ministres. Insistant sur la nécessité de combattre les antivaleurs qui minent le secteur de la justice, il a plaidé pour la mise en place d'hommes et de femmes de loi "nés de nouveau", caractérisés par une intégrité morale sans faille et des compétences intellectuelles avérées.
Le Chef de l’État a préconisé une formation continue des acteurs de la justice et l'application rigoureuse de sanctions. Il a appelé à un fonctionnement efficace des chambres de discipline au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature, et ce, sans complaisance ni discrimination.
Dans le cadre de ces directives, il a enjoint le Gouvernement, notamment les Ministères du Budget et des Finances, à garantir au Conseil Supérieur de la Magistrature les moyens nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des chambres de discipline, mais également pour pourvoir la République en magistrats en nombre suffisant, contribuant ainsi à la restauration de l’autorité de l’État.
Le processus de mise en place d’une Inspection Générale des Services de la Justice devrait, selon ses directives, être soutenu et accéléré. Le Président a aussi rappelé au Conseil Supérieur de la Magistrature les directives énoncées lors de l’ouverture de la session de formation des nouveaux magistrats.
Sévère au sujet du secteur de la justice, il avait déjà des mots durs en juillet dernier :“Je pense que s'il y a un bémol sur mon bilan, je crois que c'est celui-là si on me demandait de le faire. Je ne suis vraiment pas satisfait du bilan jusqu'ici. J'ai beaucoup compté sur ce pouvoir parce que je me dis, comme dans la Bible, c'est la justice qui élève une nation”
Et d’ajouter :
“Malheureusement, dans notre cas, la justice détruit notre nation. J'ai tout mis en œuvre pour essayer de faire comprendre, surtout au chef des corps, mon intention, ma vision et en fait ma vision, c'est de dire voilà, c'est vous qui connaissez votre métier, exercez-le consciencieusement (...). Malheureusement, je n'ai pas l'impression que nous sommes toujours sur le même diapason”.
Après l’arrestation et la libération de Vital Kamerhe et bien d’autres dossiers de justice aux issues louches, Félix Tshisekedi se dédouanait : “Je peux vous le dire devant Dieu, je ne suis intervenu dans aucun cas de ce pays pour demander l'arrestation ou la libération de quelqu'un. Jamais parce que je veux que la justice soit indépendante. Moi, je crois que nos institutions doivent toutes être libres d'exercer leur pouvoir sans qu'il y ait de contraintes venant de la hiérarchie ou de qui que ce soit. Et donc je pense ici que cette justice a besoin de réformes”. Il donne même quelques exemples : “Je viens de vous donner le cas d’arrestation préventive. Sous d'autres cieux, on parle parfois de mise en examen. Pourquoi est-ce qu'on ne voit pas ça ici? Au lieu d'arrêter quelqu'un et de le jeter comme ça en pâture dans l'opinion, il faudrait une réforme”.
Diagnostic établi, les résultats d’études seraient aussi prêts, disait-il : “J'ai demandé des études sérieuses là-dessus. Évidemment, parmi eux, il y a de braves gens. Il y a de braves femmes, et de braves hommes. C'est, je n'en disconviens pas, mais j'ai l'impression que tout le monde semble être dépassé par la force du mal qui est cette corruption qui jette un discrédit finalement sur nous tous parce qu'on pense que l'opinion pense que nous y avons tous à voir là-dedans”.